Médecins libéraux (généralistes et spécialistes), cliniques, et urgentistes, nombre de ces acteurs de santé feront grève à Noël. A l'appel de leurs syndicats, tous entendent protester contre le projet de loi santé de Marisol Touraine qui viendra en discussion au Parlement en janvier prochain. Niveau calendrier, tous cesseront donc leur activité entre fin décembre et début janvier.
Et pour mettre encore un peu plus la pression sur la ministre de la Santé, le Dr Jean-Paul Ortiz, président du principal syndicat de médecins libéraux (CSMF), a indiqué récemment que certains de ces professionnels prévoient même de ne pas assurer le système de gardes entre le 23 et 31 décembre. Pourquoidocteur vous explique comment va s'organiser cette fin d'année sans médecins.
Des médecins réquisitionnés
Pour la médecine de ville (généralistes et spécialistes en cabinet) le Dr Jean-Paul Ortiz indique que les sections syndicales dans les départements doivent avertir les Agences régionales de santé (ARS) et le préfet des médecins en grève durant cette période. Selon lui, « le mouvement s'annonce très suivi. Il y aura des grèves un peu partout en France d'après nos prévisions. »
Dans ce contexte, les préfets de département ont commencé à réunir les Comités Départementaux de l'Aide Médicale Urgente de la Permanence des. Soins (CODAMUPS), dans lesquels siègent des représentants de tous les acteurs de santé (SAMU, cliniques, hôpitaux, généralistes...), pour voir si la continuité des soins est menacée sur le territoire en question.
Et s'il y a des trous dans les listes des gardes ou que les listes sont vides, le préfet (en collaboration avec les ARS) établira sa propre liste de médecins qui seront donc "réquisitionnés". Et sur ce point le Dr Jean-Paul Ortiz est clair : « tous les médecins répondront aux réquisitions. Il n'y a aucune ambiguïté sur ce sujet. »
Un service minimum aux urgences
Concernant les urgences, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) appelle depuis ce jeudi matin à une grève illimitée dans les services d'urgences à partir du 22 décembre 2014. Mais comme ces grévistes se contenteront du port d'un badge, les services ne devraient pas être très perturbés. Pour eux, hors de question de prendre les patients en otage afin d'obtenir gain de cause sur leurs revendications (semaines de 48h max, revalorisation des gardes).
« Nous serons en service minimum. Il faudra prévoir un peu plus d'attente. On fera passer les malades potentiellement graves et urgents avant les autres », a toutefois précisé le Dr Patrick Pelloux, président de l'AMUF. Ce dernier rappelle par ailleurs que leur mouvement est illimité et ne s'arrêtera pas le 31 décembre comme c'est le cas pour les libéraux.
SOS médecins menace de ne plus répondre au téléphone
De son côté, le réseau SOS Médecins, qui compte 70 associations d'urgentistes libéraux, est lui aussi très remonté contre le projet de loi Santé. « Nous avons demandé un entretien à la ministre mais si rien ne bouge d'ici au 22 décembre, on fermera toutes nos structures et personne ne répondra au téléphone. Les gens devront appeler d'autres services », a affirmé au micro de pourquoidocteur le Dr Serge Smadja, Secrétaire Général de l'association.
Ecoutez le Dr Serge Smadja, Secrétaire Général de SOS Médecins France : « On verra si le service public seul peut se débrouiller sans la médecine libérale. »
Pour ce médecin, une grève de SOS Médecins ne sera pas sans conséquences pour les patients. Dans l'année, l'association effectue en effet 2 millions et demi d'actes médicaux, et compte 1 000 médecins. De plus, le Dr Smadja rappelle que beaucoup de ces interventions ont lieu en fin d'année (hiver et pendant les fêtes).
Ecoutez le Dr Serge Smadja : « Ce sont des périodes extrêmement chargées pour nous parce qu'il y a souvent des épidémies. »
Des plans pour contenir l'afflux de patients dans les hôpitaux ?
Enfin, les différents acteurs interrogés confient que hôpitaux prévoient aussi des plans pour pallier l'éventuel afflux des patients que pourraient connaître ces établissements. L'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est en pleine discussion sur le sujet. Contactée par la rédaction, elle affirme que des annonces pourraient intervenir prochainement.