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Souche H5N8

Grippe aviaire : danger en cas de mutation du virus H5N8

Par Léa Drouelle

La nouvelle souche de grippe aviaire détéctée en Europe ne menacerait pas l'homme. Mais combinée à une autre souche, elle pourrait se révèler transmissible à l'homme.

BERBAR HALIM/SIPA
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Il y a un mois, une nouvelle souche de grippe aviaire a fait son entrée en Europe en contaminant les élevages de volailles d’Allemagne, d’Angleterre et des Pays-Bas. Baptisé H5N8, ce nouveau virus ne représenterait pas une grande menace pour l’homme, selon un point épidémiologique communiqué en fin de semaine par des experts de l’Institut national de recherche agronomique (Inra).


Pas de transmission par voie alimentaire
« A ce jour, aucun cas de transmission du H5N8 à l’homme n’a été détecté » précise Jean-Luc Guérin, enseignant-chercheur au sein de l’unité « Interactions hôtes-agents-pathogènes » de l’Inra. Ce dernier précise également que la contamination par alimentation reste peu probable voire impossible, puisque tous les animaux porteurs du virus sont conduits à l’abattoir.
De plus, l’organisme humain dispose des ressources nécessaires pour expulser le virus H5N8, grâce aux sucs digestifs. La transmission par voie respiratoire est cependant possible. Les éleveurs seraient donc les plus vulnérables. Mais selon les experts de l’Inra, la théorie d’une transmission directe de l’animal à l’homme du virus H5N8 reste peu probable.

En revanche, ces derniers s’inquiètent des risques potentiels de co-infection, provoqués par la combinaison des souches H5N8 et d'autres porteurs de la grippe aviaire, tels que le H5N1 qui, eux, se transmettent directement de l’animal à l’homme. «  Notre inquiétude vient aujourd’hui du large potentiel d’espèces aviaires que le H5N8 peut infecter, multipliant les risques de co-infection. D’autant plus que le spectre d’hôtes du virus H5N8 est très large », explique Jean-Luc Guérin.

 

Ecoutez Jean-Luc Guérin, enseignant-chercheur au sein de l’unité « Interactions hôtes-agents-pathogènes », de l’Inra : «  Aujourd’hui, nous avons des données ponctuelles, concernant les espèces de la faune sauvage susceptibles d’être contaminées… »

 



 

Mesures de précaution
Même si les experts de l’Inra considèrent que ces résultats sont « rassurants », la vigilance reste tout de même au rendez-vous. Depuis l’apparition du virus sur le Vieux continent, 12 millions de poulets et de dindes ont été abattus.
En France, le niveau de risque est passé de faible à modéré mais aucun cas n’a été déclaré. Tous les élevages de volailles font cependant l’objet d’une surveillance renforcée. En particulier dans les régions humides. « Le virus peut résister pendant quelques jours s’il se trouve dans une région au climat sec, mais plusieurs semaines si la zone est humide », a expliqué Thierry Pineau, responsable du département santé animale de l’Inra.
Actuellement, dans le département de l’Ain, l’un des coins les plus humides de l’Hexagone qui compte un nombre important d'élevages de volailles, 3000 oiseaux de la Dombes resteront en captivité au moins jusqu’à la fin de la semaine.


La nouvelle souche H5N8 a été identifiée en Corée début 2014. Mais d’après les chercheurs de l’Inra, des traces de ce virus auraient été repérés en Chine dès 2010. « Nous suivons différentes pistes et empreintes génétiques pour déterminer comment le virus a été transporté jusqu’en Europe. Un peu à la manière des inspecteurs de police lorsqu’ils mènent une enquête », développe Jean-Luc Guérin.


Ecoutez Bernard Delmas, directeur de l’unité Inra de "Virologie et Immunologie moléculaires" : «  Nous avons observé que le virus H5N8, en provenance de Corée, présentait les mêmes gênes qu’un virus qui circulait en Chine dès 2010…»