Leur taille dépasse allègrement les deux mètres. Les géants suscitent l’admiration et la curiosité. L’Institut national de la santé infantile et du développement humain (NICHD) a découvert l’origine génétique du gigantisme, syndrome rare qui se manifeste par une croissance excessive qui cesse à l’âge adulte. Les chercheurs de la structure, et le Pr Albert Beckers de l’université de Liège (Belgique), publient dans le New England Journal of Medicine les résultats de plus de 20 ans de recherche.
Un fragment du chromosome X dupliqué
« Trouver le gène responsable de la croissance excessive de l’enfant serait très utile, mais la question la plus large est de savoir ce qui régule la croissance », explique l’auteur principal de l’étude, Constantine Stratakis. Pour y répondre, l’équipe a analysé le génome entier de 43 patients atteints de gigantisme. Parmi eux, une mère et ses deux fils, tous atteints de la maladie qui cause une croissance excessive, une puberté retardée ou une double vision. « Il est très rare de voir des géants. Si vous avez trois cas dans la même famille, c’est encore plus rare », souligne le Dr Stratakis. D’où l’importance de rassembler plusieurs malades et de comparer leurs caractéristiques génétiques.
Le gigantisme est la conséquence d’un dysfonctionnement de l’hypophyse, une glande à la base du cerveau qui régule les hormones et contrôle l’activité des autres glandes du corps. Chez certains, une tumeur dans l’hypophyse fait libérer trop d’hormones, chez d’autres, il s’agit d’une hypophyse surdéveloppée. Mais toutes les personnes atteintes de gigantisme présentent le même défaut : la duplication d’une partie plus ou moins longue du chromosome X. Chez les membres de leur famille non atteints du syndrome, cette caractéristique n’est pas présente.
Un gène hyperactif
Sur les parties anormalement dupliquées du chromosome X, tous les gènes n’entraînent pas le gigantisme. En comparant les différents génomes, le Dr Albert Beckers a découvert que les quatre mêmes gènes sont dupliqués chez l’ensemble des patients. Le « suspect numéro un » est le gène GPR101, dont l’activité est 1 000 fois plus élevée dans les hypophyses d’enfants malades.
L’équipe a également passé au crible les tumeurs hypophysaires de 248 personnes souffrant d’acromégalie. Cette maladie, similaire au gigantisme, se manifeste en général vers 30 ou 40 ans. Aucun ne présentait la duplication observée chez les patients géants… mais 11 d’entre eux possédaient une mutation sur GPR101.
La prochaine étape sera de comprendre comment les protéines exprimées par ce gène fonctionnent. L’objectif : mettre au point de nouveaux traitements du gigantisme… mais aussi de la sous-croissance chez certains enfants.