Robert Charlebois le clamait haut et fort, les business men ont le blues. En ces temps où les gros salaires sont dans le collimateur, s’appesantir sur le sort des rois du cac 40 est passible de la guillotine. Et pourtant, ils souffrent ! A tel point que l’université de Montpellier vient de créer une chaire d’enseignement et de recherche pour explorer les pathologies propres aux dirigeants de société.
Information rapportée par le Monde qui a voulu en savoir plus en leur donnant la parole. Patron pendant 28 ans de plusieurs entreprises, Gérald Enrico, 62 ans, est aujourd’hui consultant. « Pendant tout le temps où j’ai été chef d’entreprise, confie-t-il, on ne s’est jamais intéressé à ma santé et je le regrette car celle-ci s’est dégradée. J’ai eu un cancer opéré en 2000. Selon les médecins, poursuit-il, il est fort probable que le stress professionnel ait joué un rôle dans mes ennuis de santé ».
Schéma classique, car le leader s’interdit de « montrer une quelconque faiblesse », analyse Olivier Torres, universitaire à Montpellier. En 2009, ce dernier publie une tribune dans le Monde sur « l’inaudible souffrance patronale » à la suite du suicide de deux patrons de PME. Aussitôt, les langues se délient, la parole se libère, les dirigeants se confient. Près de 400 d’entre eux renseignent tous les mois l’Observatoire de santé créé par Olivier Torres (1). Et ils font part de leurs pathologies récurrentes : stress, anxiété, trouble du sommeil ou de l’alimentation. Après avoir lancé la chaire de reccherche, l’universitaire de Montpellier compte bien ouvrir « le premier service de santé dédié aux entrepreneurs ». « Avec la crise économique, remarque la journaliste Anne Devailly, le thème prend sans doute un relief particulier ».
(1) La Santé du dirigeant (De Boeck)