Il y a de bonnes nouvelles dans la lutte contre le paludisme. Un nouveau composé qui permet d’éradiquer le parasite responsable de cette maladie a été identifié par une équipe internationale. Les chercheurs expliquent dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS, le mode d’action de ce composé au nom barbare : (+)-SJ733.
« Tromper » le système immunitaire
(+)-SJ733 a été développé à partir d’une molécule identifiée par l’Hôpital de recherche pour enfants de St Jude (Memphis, Tennessee, Etats-Unis). C’est en réalisant un séquençage du génome du parasite Plasmodium falciparum que les chercheurs ont découvert son importance. Il interrompt l’activité d’une protéine vitale pour le parasite, appelée ATP4.
Concrètement, (+)-SJ733 « triche » avec le système immunitaire. En s’attaquant à la protéine ATP4, il altère l’apparence des cellules sanguines infectées par le Plasmodium falciparum. Plus petites, plus rigides, elles présentent les caractéristiques d’une cellule vieillissante. Cette « tromperie » pousse le système immunitaire à agir comme avec les cellules d’hémoglobine âgées, en les détruisant.
Et les résultats sont là. Des essais réalisés chez la souris ont montré que 24 heures après l’administration du composé, 80 % des parasites sont détruits. A 48 heures, l’infection est indétectable. L’autre intérêt de l’approche, c'est que le traitement aide à réduire la résistance aux antipaludiques.
Une moindre résistance aux médicaments
« Les données suggèrent que les composés ciblant ATP4 induisent des modifications physiques des cellules sanguines infectés, qui permettent au système immunitaire (…) de reconnaître et éliminer rapidement à la fois le parasite et le produit expérimental », explique Joseph DeRisi, co-auteur de l’étude et auteur du séquençage. « Cette élimination rapide dépend à la fois de la présence du parasite et de celle du produit expérimental. C’est important, car cela permet d’épargner les cellules sanguines non infectées. »
Des essais de sécurité sont prévus chez des patients sains. Ils seront financés par l’ONG suisse « Medicines for Malaria Venture » et la société pharmaceutique japonaise Eisai Co. Si les chercheurs se montrent si enthousiastes, c’est parce que le paludisme est une réelle menace mondiale. On estime qu’un enfant meurt chaque minute de cette maladie parasitaire. « Notre objectif est de développer un traitement de combinaison rapide et abordable qui guérisse le paludisme avec une seule dose », conclut le co-auteur de l’étude, R. Kiplin Guy. « Ces résultats indiquent que SJ733, et d’autres composés qui agissent d’une manière similaire, sont des ajouts très intéressants à la campagne d’éradication mondiale du paludisme, ce qui signifie beaucoup pour les enfants du monde. »