Des propositions pour une nouvelle loi sur la fin de vie ont été remises au Président de la république ce vendredi matin par les députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS). Parmi les principales mesures qui devraient être adoptées : le droit du patient de limiter ou refuser les traitements. Plus encore, les patients en phase terminale, dont le pronostic vital est engagé à court terme, auront le droit de demander une sédation profonde et continue jusqu’à leur décès. Son objectif est d'atteindre chez le patient (dont le pronostic vital est engagé à court terme) une altération totale de la conscience, prévenant toute souffrance, y compris celle résultant de “se voir mourir” .
L’autre mesure forte consiste à simplifier et à généraliser la rédaction des directives anticipées. Elles ne seront plus simplement “consultées” par le médecin mais s’imposeront à lui afin que la décision du patient soit respectée. Et dans l'affaire Vincent Lambert, tétraplégique de 38 ans en état de conscience minimale "plus" (dont la famille se déchire sur son maintien en vie) ce sont justement ces directives anticipées qui ont cruellement manqué. Dans ce contexte, pourquoidocteur a obtenu en exclusivité la réaction du Dr Eric Kariger, l'ex-médecin de Vincent Lambert. Favorable à l'arrêt des traitements de maintien en vie sur ce malade il a commenté à notre micro cette nouvelle proposition de loi.
Que pensez-vous du droit du patient à la sédation terminale ?
Eric Kariger : La sédation est une technique déjà largement utilisée en soins palliatifs. On peut la rendre plus ou moins profonde ou définitive en fonction de la situation clinique. Mais c'est une technique qui a une vocation palliative, c'est-à-dire qu'elle sert à soulager un symptôme inconfortable. Donc on reste bien dans cette stratégie palliative entre les deux extrêmes que sont l'euthanasie et l'obstination déraisonnable. On est bien sur cette 3ème voie qu'on est en train d'épaissir, sur le droit du patient à refuser tout traitement (y compris ceux de nutrition et d'hydratation) et le droit si la situation l'exige d'endormir le malade à titre de précaution.
Mais dans ma culture palliative, à titre personnel, l'objectif est de maintenir le patient conscient chaque fois qu'on le peut. La sédation, en fait, c'est l'arme de dernier recours à utiliser lorsque c'est nécessaire.