Pourquoi les cabinets médicaux ne proposent-ils que de vieux magazines sérieux ? Cette question, chacun se l’est déjà posée en attendant son rendez-vous médical. Le BMJ offre aux lecteurs de son édition de Noël la possibilité de lever une partie du mystère. Dans les salles d’attentes, les magazines récents et/ou people sont clairement une espèce en voie de disparition.
31 jours plus tard
Pour répondre à cette « question brûlante » dans le milieu médical, le Pr Bruce Arroll, de l’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande) s’est livré à une étude de cohorte dans sa consultation de médecine générale. Les « participants » à cette expérience : 87 magazines plus ou moins récents et plus ou moins sérieux, placés en salle d’attente. Les exemplaires « people » étaient ceux dont la couverture affichait plus de 5 célébrités. Deux fois par semaine, le principal chercheur se présentait 30 minutes en avance pour réaliser l’inventaire des magazines disponibles. « Nous avons testé l’hypothèse que les magazines people disparaîtraient plus rapidement que les magazines n’appartenant pas à la presse people », expliquent les auteurs de l’étude.
Le 28 avril 2014, 87 magazines - dont 27 appartenant à la presse people - ont été disposés en trois piles dans la salle d’attente du cabinet. L’étude a cessé après 31 jours, lorsque la majorité des magazines people ou non ont disparu. Au total, 5 164 patients ont été enregistrés.
L’hécatombe dans la presse people
Les patients sont-ils plutôt attirés par la presse people ou les informations récentes ? Sans aucun doute, c’est plutôt la première catégorie qui est victime de kidnapping. Au terme de l’étude, la moitié des magazines ont disparu… et sur les 27 exemplaires people, seul un a échappé à l’hécatombe. « Les magazines people ont un taux de mortalité bien plus haut que ceux n’appartenant pas à cette presse, tandis que l’âge n’a pas d’impact significatif sur la survie », commente l’équipe néo-zélandaise. En effet, sur les exemplaires datés de moins de 2 mois, 60 % avaient disparu.
« Cette étude est probablement la première à expliquer le manque de magazines récents dans les salles d’attente des cabinets médicaux, et à quantifier la perte des magazines », concluent les chercheurs. Ils adressent aussi un conseil aux médecins : « fournir de vieux exemplaires de The Economist ou du magazine Time est un premier pas vers des économies. » Car à 4 euros l’exemplaire en moyenne, l’addition devient vite salée pour un cabinet.
Reste maintenant à savoir qui dérobe la presse people dans les salles d’attente. Mais aucun cabinet n’a souhaité se joindre à l’expérience. Le personnel n’est pas en cause : comme le précise le compte rendu, toute interférence était passible de peine de mort. « Soyez assurés qu’aucun membre du personnel n’a retiré de magazine pendant l’étude, personne n’a donc été exécuté », rassurent les auteurs. Les exemplaires mis à disposition ont également été bien traités.