Pour la première fois, une étude montre que la tremblante du mouton est susceptible d’infecter l’homme. La tremblante du mouton est une maladie à prion, c’est-à-dire une maladie neurodégénérative mortelle qui affecte les mammifères. Chez l’homme, la forme la plus commune est la maladie de Creutzfeldt-Jakob classique. La maladie à prion la plus célèbre est la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine ou ESB).
Si la transmission de l’ESB à l’homme était déjà connue, la capacité de transmission de la tremblante à l’homme n'avait jamais été prouvée. Olivier Andréoletti, de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, et ses collègues ont réussi pour la première fois à infecter une souris humanisée par le prion de la tremblante. Les souris humanisées sont des souris génétiquement modifiées, qui fabriquent la protéine prion humaine, et permettent de simuler l'organisme humain.
Des prions anormaux semblables à ceux causant Creutzfeld-Jakob
Publié en ligne, mardi 16 décembre, par la revue Nature Communications, l’étude explique que les chercheurs ont inoculé une dose de la maladie directement dans le cerveau des souris humanisées. Chez les souris qui ont survécu 500 jours, leur cerveau a été prélevé et des extraits ont été inoculés à un autre lot de souris humanisées.
Résultat : un échantillon de prions de la tremblante a été transmis à certaines souris modifiées avec une efficacité comparable à celle du prion de la maladie de la vache folle.
Surtout, cette transmission de prions de tremblante a abouti à une propagation de prions anormaux semblables à ceux qui causent la maladie de Creutzfeldt-Jakob humaine. Bien que l’étude ait été menée sur des souris humanisées, les résultats suggèrent l'éventuelle capacité de la tremblante à infecter les humains.
Prendre des mesures de précaution
Même si aucun lien causal n'a été établi entre l'exposition à la tremblante du mouton et certains cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob et si on ne peut pas parler d'une quelconque menace de santé publique, « certaines mesures de précaution paraissent s’imposer, remarque Olivier Andréoletti au Monde.fr. Cela inclut la poursuite du suivi épidémiologique chez l’homme et des examens chez les animaux présentant les signes de la tremblante. Surtout, au moment où certains parlent de lever l’obligation de retirer du marché alimentaire les matériaux à risque spécifiés, il est indispensable de la maintenir. »
Les « matériaux à risque spécifiés »
désigne les tissus et abats considérés comme représentant un risque au regard des Encéphalopathies Spongiformes Subaiguës Transmissibles, comme l'explique le ministère de l'Agriculture. Ce sont les yeux, le cerveau ou encore la moelle épinière – dans lesquels se concentre le prion pathologique. Leur retrait a été mis en place à l’échelle européenne en 2001.