2015 année écologique ? Pourquoi pas ! Améliorer la qualité de l'environnnement fait partie des " bonnes résolutions " afdptés par différents étâts pour 2015. Nicolas Hulot a été le premier invité de François Hollande. Et l'Institut de veille sanitaire vient de publier une étude qui montre que la pollution atmosphérique aux particules fines, dans 17 villes françaises peut s'avérer mortelle même à court terme.
D'où la nécessité du grand rendez-vous écologique prévu à Paris en septembre prochain qui fera donc suite à la conférence de l’ONU sur le climat qui s'est tenue à Lima en décembre 2014. Certes, ce fut une grande messe pour la protection de l'environnement, mais, elle s'est achevée avec un sentiment de frustration : les futurs engagements pour parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre que devra prendre chaque pays en 2015 sont à minima. Concrètement, ces engagements doivent permettre une baisse globale des émissions de 40 à 70% d’ici 2050, des mesures nécessaires si on veut limiter à 2°C la hausse des températures de la planète. Au-delà de 2° C, tous les spécialistes jugent que le seuil de dangerosité est atteint.
Si la conférence de Lima a été prolongée de plus de 30 heures , c’est que tous les pays ne se sont pas entendus sur les contributions financières des uns et des autres et les évaluations des mesures mises en place. Chine et Inde se sont opposés à une démarche trop exigeante. Pourtant la Chine fait partie des pays les plus impliqués dans la production des gaz à effet de serre, mais il n’est pas le seul : les Etats-Unis et l’Europe sont avec la Chine responsables de 50% de l’ensemble de ces émissions.
Quand la Chine parle de pollution
Et en Chine, comme dans d’autres pays, on parle de plus en plus ouvertement de pollution ! Difficile de l’ignorer dans des villes très touchées comme Pékin, Shangaï ou Canton. Pékin où se déroulait tout dernièrement un forum de santé publique organisé par la Fondation de l’Académie de Médecine et le « Chinese Medical Association », un forum qui avait inscrit à son programme une session « Santé et environnement ». En effet, la Chine prend conscience maintenant que la qualité de l’environnement devient un problème de santé publique par la contribution de la pollution, admise par tous maintenant, à l’apparition de pathologies comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et pulmonaires.
Ecoutez le Pr Yves Levi, membre de l’Académie Nationale de Médecine : « La pollution atmosphérique est vraiment une problématique en pleine émergence. Mais la nécessité de porter des masques comme le suggèrent les autorités, ne peut être une solution durable.»
Usines fermées , ciel dégagé
En même temps que se tenait le forum franco-chinois de la Fondation de l’Académie de Médecine, avait lieu l’APEC, le sommet de Coopération Economique d’Asie-Pacifique qui a réuni 21 chefs d’état d’Asie-Pacifique dont Barack Obama. Et pour se montrer aux grands de ce monde sous son meilleur visage, les autorités chinoises avaient transformé Pékin en ville morte : arrêt de toutes ses usines, vacances pour l’administration et les écoles, trafic automobile divisé par deux. Résultat : le ciel s’est enfin découvert, ciel bleu azur et air cristallin… Du jamais vu depuis les Jeux Olympiques de 2008 !
Situation anticyclonique
Mais le fort taux de pollution des grandes villes de l’empire du milieu tient aussi à des conditions atmosphériques assez particulières, que l’on retrouve d’ailleurs dans toute l’Asie, le continent le plus affecté par l'émission de particules fines dans l’atmosphère. Certes le développement économique qui consomme de grandes quantités de charbon et de biocombustibles est bien en cause, mais il n’est pas tout seul : la dispersion de cette pollution est en partie bloquée par les moussons qui créent l'équivalent d’un anticyclone dans les hautes altitudes ; celui-ci génère un véritable réservoir à pollution au-dessus de la Chine.
Mais, si on est sensibilisé par les pics de pollution, en particulier en situation anticyclonique, que l’on connait bien également sous nos latitudes, il ne faut pas que les pics masquent, selon le Pr Denis Charpin (Hôpital Nord de Marseille ), les conséquences sanitaires essentiellement dues au niveau excessif de la pollution de fond.
Pékin prêt à délocaliser les industries
Oser parler de pollution en Chine , comment cela a été possible ? Il revenait à Jean-Marie Dru, le président de la FAM, d’établir le programme du forum en partenariat avec la Chinese Medical Association et son président et ancien ministre de la Santé de 2007 à 2011, le Pr Chen Zhu. Et paradoxalement le thème de la pollution a été accepté d'autant plus que l'ancien ministre de la Santé avait quelques mois auparavant écrit un article sur ce véritable problème que vivait les grandes agglomérations chinoises.
Ecoutez Jean-Marie Dru, président de la Fondation de l’Académie de Médecine : « Il y a eu un virage clair des autorités chinoises. Elles considèrent aujourd'hui que la population doit prendre conscience des enjeux de la pollution. »
De plus, toujours pour Jean-Marie Dru, « le monde entier regarde la Chine et la Chine est très ambitieuse avec une volonté hégémonique de montrer l’exemple dans tous les domaines dont celui de la santé et de l’éducation. Et les autorités seraient donc prêtes à aller très loin, jusqu’à délocaliser leurs usines…»
Dans l’attente de ces décisions, il reste à vivre à Pékin dans cette purée de pois. Le forum franco-chinois était ouvert aussi aux étudiants en médecine, pharmacie et sciences , qui ont pu s’exprimer. Pour « Tredilin », 25 ans, en 3ème année de pharmacie, l’espoir fait vivre : Londres au début du siècle était tout aussi pollué que Pékin aujourd’hui. Or la qualité de l’air est maintenant tout à fait correcte à Londres, donc Pékin fera pareil. Et en attendant , cette étudiante se considère comme appartenant à une génération sacrifiée…
Ecoutez une étudiante chinoise en pharmacie : « Peut-être sommes-nous une génération sacrifiée... Mais, nous sommes confiants, la Chine va réduire son niveau de pollution. »