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La thrombectomie

AVC sévère : un traitement révolutionnaire pour réduire le handicap

Par Arnaud Aubry

Une étude parue dans le "New England Journal of Medicine" montre pour la première fois qu'en cas d'AVC sévère, l'ablation par cathétères du caillot était plus efficace que les médicaments seuls.

Capture d'écran Youtube - NEJM
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C’est une découverte qui est un peu passé inaperçue mais qui pourrait pourtant changer la vie de nombreuses personnes.

Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine vient pour la première fois de prouver que la « thrombectomie » était plus efficace que les médicaments pour se débarrasser des gros caillots de sang à l’origine d’arrêts vasculaires cérébraux (AVC) sévères. La thrombectomie signifie l’ablation d’un caillot de sang via des cathétères : ceux-ci sont insérés au niveau de la cuisse et remontent au cerveau au sein de l'artère bouchée. Au bout du cathétère se trouve un stent, c'est-à-dire une espèce de piège à caillot formés de mailles en métal. Au bout de trois minutes, le cathétère est retiré emportant avec lui le caillot. Réalisée le plus souvent sous anesthésie locale (même si l'anesthésie générale est possible), cette opération ne provoque pas de douleur. Si cette technique existe depuis 2004, c'est la première fois qu'une étude démontre scientifiquement son efficacité.



Sur les 130 000 AVC qui ont lieu tous les ans en France (un toutes les 4 minutes), 80% sont ischémiques, c’est-à-dire qu’ils sont provoqués par un caillot qui bouche une artère.

La thrombectomie permet 60 à 80% de « recanalisation »
Pour traiter ces AVC, « il existe un produit – les médicaments fibrinolytiques comme l'Altéplase - qui est une sorte de « Destop » qui va détruire le caillot », explique le docteur Bertrand Lapergue, neurologue à l’Hôpital Foch. Le problème de ce produit c’est qu’il n’est efficace que pour des petits caillots : « Quand un gros caillot bouche une artère cérébrale, ces produits ne sont que partiellement efficaces : ils n’agissent que dans 20 à 40% des cas », ajoute-t-il.

La thrombectomie permet, elle, 60 à 80% de « recanalisation », c’est-à-dire le fait d’être capable de déboucher l’artère en urgence.

Ecoutez le docteur Bertrand Lapergue, du service neurovasculaire de l’hôpital Foch : « L’étude est majeure car c’est la première fois qu'est démontré que lorsque l’on pratique une thrombectomie on rend service au patient et on diminue le handicap causé par son AVC : la paralysie, les troubles du langage… »



30% des patients retrouvent une autonomie satisfaisante
L’étude, qui a été menée sur 500 personnes aux Pays-Bas, montre que trois mois après un AVC sévère, la thrombectomie (en plus des médicaments) avait permis à 30% des patients de retrouver une autonomie satisfaisante et de vivre à nouveau de manière indépendante, contre seulement 16% pour le traitement médicamenteux sans thrombectomie. Des résultats donc très impressionnants.

Ecoutez le docteur Bertrand Lapergue : « A l’Hôpital Foch, on utilise de façon systématique ces nouvelles technologies depuis 4 ans parce qu’on a la chance d’avoir tout le plateau technique qui nous permet de le faire en extrême urgence : des neurologues spécialisés pour faire le diagnostic d’AVC, et des radiologues spécialisés qui sont capables de monter les cathétères pour aller capturer le caillot. »



Concrètement que va changer cette étude ? Pour le Dr Lapergue, la thrombectomie devrait faire partie du traitement standard de l’AVC dès 2015. « Il va falloir que toutes les unités qui accueillent les AVC soient capables de traiter – soit sur place, soit de transférer en extrême urgence – leurs patients qui font un AVC et qui ont une grosse artère bouchée dans le cerveau dans des centres spécialisés capables de récupérer le caillot grâce à la thrombectomie. »