Dans les Pyrénées-Orientales, la petite ville de Prades connaît bien des déboires. Depuis quelques jours, une épidémie de gastro sévit dans cette commune de 6000 habitants, ainsi que dans cinq communes avoisinantes (Marquixanes, Eus, Codalet, Clara et Los Masos). Elle a frappé les écoles primaires, où des centaines d’enfants sont tombés malades.
50 000 bouteilles distribuées
Les investigations n’ont pas encore parlé. Mais l’eau potable est la principale suspecte. Lors des intempéries, la Têt a débordé et son eau a pu s’infiltrer dans le réseau de distribution d'eau karstique. Par précaution, l’Autorité Régionale de Santé a déclaré l’eau du robinet impropre à la consommation. Alors, en attendant les résultats d’analyses plus poussées, les autorités s’organisent : 50 000 bouteilles d’eau sont distribuées depuis le début du week-end dans un gymnase municipal.
« Pour l’instant, on ne sait pas absolument d’où vient ce pic épidémique, admet le maire de la ville. Mais dans l’hypothèse où la situation devait durer, nous sommes prêts à assurer la continuité du service », a-t-il assuré sur France Bleu.
Ecouter Jean Castex, maire de Prades : « On peut se doucher, on peut se laver, mais on ne peut pas boire l’eau. »
Forte odeur de chlore
Ce vendredi, les techniciens de la Régie de l’eau et assainissement du Conflent ont procédé à des opérations de désinfection du réseau. Une forte odeur de chlore s’échappe de l’eau du robinet, comme le raconte le journal l’Indépendant. Néanmoins, la population est autorisée à l’utiliser pour préparer les aliments, sous réserve de l’avoir fait bouillir pendant 15 minutes.
De nouveaux prélèvements de l'eau du réseau seront effectués ce lundi matin. Mais les résultats précis des examens microbiologiques ne seront pas connus avant une quinzaine de jours, selon l’Indépendant.
Du déjà vu en France
Le cas de Prades n’est pas une première en France. En 2001, une épidémie de gastro s’était déclarée dans une centre de vacances, dans la commune de Gourdon (Lot). L'enquête avait mis en évidence des dysfonctionnements dans les systèmes de chloration du réseau d'adduction. L'identification de virus humains dans les selles et dans l'eau du réseau suggérait une source de contamination fécale.
En 2002, re-belotte, à Sète. Après l’épidémie, les études microbiologiques avaient révélé la présence de Cryptosporidium sur le captage d'lssanka à Sète. Cette germe que l’on trouve dans les matières fécales provoque diarrhées aiguës et peut causer des maladies sévères, dont des pancréatites.
Un risque sanitaire mal évalué
En fait, « plus de 10 % des cas sporadiques de gastro-entérites sont véhiculés par l’eau », selon l’INVS. Et les groupes de distribution d’eau ont bien du mal à évaluer le risque viral sur l’ensemble de leur réseau. Une soixantaine de composés font l’objet d’une réglementation. Depuis le début du 20e siècle, le ministère de la Santé est chargé de contrôler la qualité de l’eau distribuée.
Mais ce contrôle « se heurte d’une part, à l’impossibilité d’analyser en routine l’ensemble des toxiques et des micro-organismes pathogènes, et d’autre part, à des délais d’analyse qui sont parfois incompatibles avec la gestion immédiate des contaminations de l’eau », relève l’INVS. C’est rassurant.