Donneurs universels, les membres du groupe sanguin O seraient aussi moins à risque de diabète. C’est la conclusion d’une équipe de l’Inserm installée à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne). Leur étude, parue dans Diabetologia, conclut à une forte association entre le groupe sanguin (A, B, AB, O) et la probabilité de développer un diabète de type 2.
Plus de 80 000 femmes ont été suivies pendant 18 ans. Ce sont leurs réponses à des questionnaires tous les 2-3 ans qui ont permis de conclure au lien entre groupe sanguin et diabète. « Nous montrons, pour la première fois dans une si grande population, que les femmes ayant le groupe sanguin O - environ 43 % des Français sont de ce groupe aujourd’hui - ont un risque moindre de développer un diabète de type 2 », résume Guy Fagherazzi, épidémiologiste à l’Inserm et co-auteur de l’étude. En effet, lorsqu’on compare les différents groupes sanguins, de fortes différences émergent. Par rapport au groupe O, les groupe A, B et AB sont respectivement 10 %, 17 % et 21 % plus à risque de diabète. Et ce indépendamment du mode de vie.
Ecoutez Guy Fagherazzi, épidémiologiste Inserm : « Le mode de vie a une influence capitale pour déterminer le risque d’une personne, mais c’est un facteur qu’on a pris en compte. »
L’influence du facteur rhésus
Lorsque le facteur rhésus est pris en compte (positif ou négatif), il apparaît que la probabilité de développer un diabète est très basse au sein des donneurs universels (O-). En revanche, les participantes B+ étaient 35 % plus à risque. Mais comme le signale Guy Fagherazzi, contacté par pourquoidocteur, il s’agit d’une première association. « Il n’y a pas d’implication directe en termes d’activité clinique pour les médecins ou les patients. Mais cela aura de l’influence, je l’espère, sur d’autres études qui seront menées », estime l’épidémiologiste. Il faut répliquer ces résultats dans d’autres populations, avec d’autres patrimoines génétiques, d’autres antécédents que notre cohorte. »
En effet, quelques études ont déjà suggéré une association entre le groupe sanguin et le risque de diabète. Mais leurs résultats étaient jusqu’ici incohérents.
Ecoutez Guy Fagherazzi, épidémiologiste Inserm : « Les études précédentes portaient sur de petites populations. On est la première étude qui s’intéresse à cette relation sur une si grande population. »
Les chercheurs émettent deux hypothèses pour expliquer que certains groupes sanguins protégent mieux du diabète que d'autres. « On peut suggérer que certains groupes ont un profil particulier par rapport aux autres. Par exemple, les personnes du groupe O sont porteurs de moins de marqueurs d’inflammation que les autres. Or, on sait que l’inflammation est un facteur de risque de diabète, précise Guy Fagherazzi. « Ensuite, un autre mécanisme a été suggéré : le groupe sanguin influence la composition du microbiote intestinal. Et on sait que la flore intestinale a une rôle sur le métabolisme du glucose et la balance énergétique. »