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Blessure due à la console vidéo

Nintendinite : pathologie reconnue officiellement

Par Suzanne Tellier

Tendinites, fractures, troubles urinaires… Une méta-analyse du BMJ passe en revue les différentes blessures liées à l’utilisation de consoles de jeux vidéo.

Stewart Cook / Rex Feat/REX/SIPA
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C’est désormais officiel : la Nintendinite fait partie de la longue liste des pathologies connues. Un groupe de médecins et de chirurgiens vient de valider son existence, après la multiplication des cas recensés dans la littérature.

Les ravages du joystick
Les chercheurs ont passé en revue 38 publications concernant des blessures musculo-squelettiques liées à l’utilisation des consoles de salon. Dans les pages du British Medical Journal, ils énumèrent les problèmes de santé qui émergent quand on use un peu trop la manette.

Le premier cas connu de Nintendinite date de 1990. Après avoir passé 5 heures devant sa Super Nintendo, une femme de 35 ans a expérimenté des douleurs intenses du pouce. La littérature évoque plusieurs cas de tendinites du doigt, de la main et du poignet liées à l’utilisation de la Super Nintendo. En cause : sa manette, peu ergonomique – et le zèle, probablement excessif, de certains joueurs.

Sa petite sœur, la Nintendo 64, a pris en compte cette souffrance et introduit le joystick pour orienter les personnages des jeux. En vain… Cette fois, des cas d’ulcération (plaies) à la paume de la main ont été déclarés. Un jeu vidéo favorise tout particulièrement ce type de blessure : Mario Party, où les joueurs effectuent des rotations du joystick à 360°, et ce, le plus rapidement possible. A l’époque, après avoir reçu une centaine de plaintes, Nintendo a même commercialisé un gant spécial de protection.

« Tellement absorbés qu'ils oublient d'aller aux toilettes »
A chaque époque ses maux. Quand la Wii a succédé à la Super Nintendo, d’autres « pathologies de geek » sont apparues. Car avec la nouvelle console, c'est tout le corps qui est sollicité pour effectuer les gestes télécommandés. La littérature recense des cas de blessures plus ou moins traumatiques (entorses, fractures, lacérations, bleus au niveau des mains, du cou, du visage et de la région péri-orbitale).

Sur les 39 blessures dues à la Wii listées par les chercheurs, 34 étaient dues au jeu Wii Sport, où le joueur effectue des gestes sportifs. Un garçon de 7 ans a perdu la vue de manière définitive en se cognant l'œil gauche avec la manette.

Les consoles Nintendo provoquent d’autres troubles, moins soupçonnables. Parmi eux, l’incontinence. Dans les années 1990, plusieurs cas ont été répertoriés. Les chercheurs évoquent des épisodes de « souillure fécale » pour un garçon et d' « énurésie » pour trois autres, « tous tellement absorbés par Super Mario Bros qu'ils en oubliaient leur besoin d'aller aux toilettes ».

Un cadeau « relativement peu dangereux »
Mais ce n’est pas une raison pour priver votre progéniture de son souhait le plus cher. D’ailleurs, les auteurs de l’étude rappellent que la science a révélé les nombreux bienfaits des jeux vidéo - amélioration des réflexes, de la mémoire, ralentissement de la neurodégénérescence, perte de poids, accompagnement postopératoire…

D’autant plus que les « pathologies Nintendo » restent assez rares et la plupart du temps anodines. « Une Nintendo est un cadeau de Noël relativement peu dangereux, concluent les auteurs. Mais ceux qui en reçoivent une ne doivent pas trop secouer la manette, faire attention à l'endroit où ils jouent et prendre des pauses fréquemment ». Et ne pas oublier de se soulager.