Marisol Touraine a peut-être parlé un peu vite. « La levée du préavis de grève des urgentistes est évidemment une excellente nouvelle », a déclaré la ministre de la Santé à la sortie du conseil des ministres. Une information immédiatement démentie par l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) à l'origine du mouvement, qui a assuré que le préavis n'avait « pas du tout » été levé.
« C’est étonnant qu’une ministre décide quand un mouvement s’arrête, non ? Ce n’est pas à elle de décider », a ainsi déclaré à pourquoidocteur.com Christophe Prudhomme, le porte-parole de l’AMUF, critiquant « l’inconséquence politique » de la ministre de la Santé.
Concession sur la principale revendication des grévistes
Concrètement, Marisol Touraine semble avoir fait des concessions sur la revendication principale des grévistes : « Le point positif, c’est qu’elle répond à nos demandes sur l’application de la directive européenne » concernant les 48h de travail par semaine maximum, indique ainsi Christophe Prudhomme. La principale demande de l’AMUF était de fixer le décompte du temps de travail à 39 heures hebdomadaires (sans compter les heures supplémentaires), avec une durée maximale hebdomadaire plafonnée à 48 heures, avec une rémunération des heures supplémentaires.
« Reste à savoir qu’elles seront les modalités d’application du texte… On ne veut pas baisser la garde trop tôt », indique M. Prudhomme. « Il y a des éléments concrets, et d'autres beaucoup moins, donc il va falloir que l’on analyse le texte », insiste-t-il.
Décision sur la suite du mouvement de grève demain à 10 h
Quant à la suite du mouvement de grève, pour l’instant rien n’a été décidé : une assemblée générale va être organisée « tard dans la soirée » pour prendre le pouls des médecins de l’AMUF sur le texte envoyé par Marisol Touraine, « et nous organiserons une conférence de presse demain à 10h durant laquelle nous annoncerons si nous mettons fin à la grève ou si nous demandons [à Marisol Touraine] de revoir sa copie. »
Le syndicaliste indique en tout cas ressentir de la « précipitation » de la part de Marisol Touraine. « Elle s’inquiète », juge-t-il, à la veille du début de la grève des médecins libéraux : ceux-ci demandent la réécriture du projet de loi de santé et la revalorisation des tarifs médicaux.