The Lancet est une revue médicale de premier plan. Mais, elle ne se contente pas de publier des études scientifiques. Elle vient de jeter un pavé dans la mare en mettant en ligne un véritable éditorial. Le Fonds monétaire international (FMI) serait en partie responsable de l'épidémie de fièvre Ebola, affirment des chercheurs du département de sociologie de l'Université de Cambridge, de l'Université d'Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Comme le souligne Libération, si le FMI n'a aucune compétence en santé, l'organisme financier n'en est pas moins accusé d'avoir en quelque sorte jeté de l'huile sur le feu : « Les programmes de réformes exigés par l'organisation ont ralenti le développement de services de santé efficaces, décrypte le quotidien Libération. Or, une des principales raisons de la rapidité de l'expansion de l'épidémie étant justement la faiblesse des systèmes de santé dans la région. » Rembourser la dette était la priorité pour la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria. Un diktat imposé par le FMI qui a empêché ces états africains « d'augmenter ses dépenses sociales », accusent les chercheurs dans le Lancet.
C'est « totalement faux », a répliqué un porte-parole du FMI. Pour preuve, « depuis 2009, des prêts accordés à des pays à faible revenu l'ont été sans taux d'intérêt ce qui a libéré des ressources disponibles pour des pays désireux de dépenser plus dans les domaines de la santé et de l'éducation », a ajouté le porte-parole. Et en septembre dernier, le FMI accordait 130 millions de dollars d'aide aux pays les plus gravement touchés par l'épidémie parce que « cette crise humanitaire pourrait également avoir de profondes conséquences économiques.» Mais pour Libération, ce n'est là que le signe d'un « incendiaire qui joue au pompier » !