Le don d’organes souffre d’une pénurie en France. Dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), l’Institut de Veille sanitaire (InVS) revient sur le traitement de l’insuffisance rénale en France, par dialyse ou par greffe. La seconde solution est la plus appréciable pour le patient. Mais les receveurs en attente sont toujours plus nombreux et la pénurie s’accentue.
Plus de porteurs de greffon fonctionnel
L’enquête Quavi-REIN, qui sert de base à ce BEH, a été menée en 2011 auprès d’insuffisants rénaux. 1 251 participants étaient sous dialyse, 1 658 avaient bénéficié d’une transplantation rénale. Les résultats confirment l’intérêt de la greffe rénale dans cette maladie. « Elle offre une espérance de vie importante, voisine pendant les cinq premières années post-greffe de celle de la population générale de même âge et de même sexe », soulignent Philippe Rieu et Christian Jacquelinet dans l’éditorial de ce BEH. Un patient greffé à 30 aura ainsi une espérance de vie moyenne de 41 ans, contre 23 ans sous dialyse. « Lorsqu’elle est réalisable, la greffe rénale offre une meilleure qualité de vie (…) du fait d’une augmentation des capacités physiques, de moindres limitations des activités et d’une amélioration des relations sociales. »
Le nombre d’insuffisants rénaux porteurs d’un greffon fonctionnel progresse de 916 par an, indique le BEH. L’augmentation du nombre de greffes réalisées explique en partie ce bon résultat, la sélection étroite des patients éligibles aussi.
La liste d’attente s’allonge
Le tableau n’est pas rose pour les insuffisants rénaux. Le nombre de malades en attente d’une greffe augmente. La pénurie de greffons, elle, s’aggrave. Sur les 9 000 patients éligibles en 2012, seuls 3 044 ont bénéficié d’une transplantation. Pour les autres, l’attente peut être longue : le délai entre l’inscription sur la liste des receveurs et l’opération varie de 9 à 53 mois selon les régions.
Pour pallier la pénurie, plusieurs types de greffons peuvent être sélectionnés. D’abord les « classiques » reins prélevés sur un donneur en état de mort clinique. Ensuite, les dons du vivant, en progression. En 2012, 12 % des greffons provenaient d’un donneur vivant. En 2013, c’étaient 13 %. L’Agence de la biomédecine teste aussi, depuis 2014, le don croisé, qui devrait permettre 50 à 100 greffes supplémentaires par an. C’est loin d’être suffisant puisque, parmi les greffés, 8 % ont eu besoin d’une retransplantation. Un chiffre qui s’ajoute aux autres patients en attente. Sans compter qu’une famille sur trois refuse le don d’organes quand un proche décède. C’est sans doute pourquoi, malgré les efforts, la part des insuffisants rénaux transplantés reste inférieure à celle des dialysés.