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QUESTION D'ACTU

Fermeture des cabinets médicaux

Grève des médecins : pas d'afflux aux urgences, selon Marisol Touraine

Après les médecins généralistes, en grève depuis ce mardi, les spécialistes ont rejoint le mouvement de protestation contre le projet de loi santé. 80% des cabinets devraient fermer.

Grève des médecins : pas d'afflux aux urgences, selon Marisol Touraine Guillaume/SIPA




Face à la colère des médecins, Marisol Touraine n'entend pas se laisser impressionner. 24 heures après le début de la grève des urgentistes, la ministre de la Santé a passé un accord avec leurs représentants pour éteindre ce premier feu hospitalier.
Mais dès le lendemain, c'était au tour des libéraux de manifester leur mécontentement. 80% des généralistes ont fermé les portes de leur cabinet pour protester contre le projet de loi Santé, selon le syndicat MG France. De son côté, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), principal syndicat de médecins (généralistes et spécialistes), affichait mercredi des taux de participation d'une ampleur comparable. « Entre 60 à 80% des cabinets généralistes et spécialistes seront fermés aujourd’hui selon les régions, se félicitait, hier,  le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz. Si on cumule les praticiens qui exercent en clinique et ceux qui possèdent leur cabinet, on est à 80-90% de grévistes. Du jamais vu ! ». 
Les revendications des grévistes n'ont pas changé. Ils contestent la généralisation du tiers-payant, la réorganisation territoriale des soins avec le pouvoir accru des ARS, la redéfinition du Service Public hospitalier. Ces travailleurs libéraux dénoncent un projet de loi « centré sur l’hôpital », annonciateur de « la mort de la médecine libérale ».

Marisol Touraine a, quant à elle, minimisé la portée de ce mouvement. « Nous n’assistons à aucun afflux de patients en direction des urgences (…) qui fonctionnent de façon normale », a affirmé la ministre lors de son déplacement à l’hôpital Trousseau (Paris) en compagnie de Manuel Valls. « Il n’y a pas de report vers les urgences de patients qui auraient des difficultés pour trouver un médecin », a-t-elle insisté. Et la ministre d'apporter de l'eau au moulin de ceux qui estiment que cette grève coïncide de manière opportune avec les fêtes de fin d'année. « J’invite à regarder avec précaution les chiffres avancés du nombre de grévistes» pour deux raisons : « Les médecins ne sont pas tenus de se déclarer et il y a des cabinets qui sont fermés de toute façon parce que c’est la période des fêtes », a-t-elle lancé aux leaders syndicaux.

Des réquisitions massives

Au delà de ces joutes verbales, les dispositifs pour faire face à ce mouvement d’ampleur sont bien en place. Les Autorités Régionales de Santé devront réquisitionner à tour de bras. « J’ai moi-même reçu mon ordre de réquisition pour le 31 décembre, affirme Jean-Paul Ortiz, néphrologue de profession. En Alsace, en Franche-Comté, en Picardie, Guyane, à la Réunion, et dans beaucoup d’autres départements, les ARS ont déjà réquisitionné des médecins généralistes de garde, ainsi que des pédiatres en maternité, des médecins qui exercent en clinique… Pour la première fois, même les médecins régulateurs ont été réquisitionnés ! », se réjouit-il. Les professionnels ne peuvent se soustraire à ces réquisitions, sous peine de poursuites pénales.

Selon le président du CSMF, toutes les spécialités médicales sont mobilisées. Les concessions de la ministre de la Santé aux urgentistes ont jeté de l’huile sur le feu, les syndicats y voyant un geste supplémentaire en faveur de l’hôpital. Ainsi, le meilleur reste à venir – ou le pire, c’est selon. « Vous verrez lundi, mardi et mercredi prochain. Il y aura eu un effet boule de neige. Le mouvement sera encore plus dur », assure Jean-Paul Ortiz.

« Un jour de grève, ça va, mais deux... »
Pourtant, de nombreux médecins ont témoigné de la difficulté de faire grève pendant plusieurs jours consécutifs. « J’ai embauché un remplaçant pour les vacances, explique Jacques Battistoni, généraliste et secrétaire général du syndicat MG France. Il est d’accord pour faire grève un jour, mais pas plus. Il doit gagner sa vie, et nous devons assurer la continuité des soins ! ».

Un faux problème pour Jean-Paul Ortiz, qui souligne que seuls 7% des médecins auront un remplaçant pour les vacances, et qu’il suffit de rediriger les patients par le biais d’un message sur le répondeur du cabinet.

« Grève perlée » et brassards
Il n’empêche. MG France se montre moins enthousiaste sur la mobilisation des jours à venir. Son président, Claude Leicher, parle de « grève perlée », partiellement suivie sur le territoire, avec des cabinets fermés ça et là. Mais en tout cas, moins que les 80% enregistrés hier dans certaines régions. « Les médecins généralistes connaissent bien leurs patients. Ils savent qu’un jour de grève, ça va, mais deux, c’est plus compliqué, notamment pour les personnes âgées ».

Mais il faudra tout de même s’attendre à un fonctionnement ralenti. « Les médecins tiennent à marquer le coup, insiste Claude Léicher. Certains cabinets rouvriront partiellement. On envisage éventuellement un système de brassard pour aller travailler tout en faisant grève. Dans l’ensemble, la période de fin d’année, toujours un peu compliquée, sera plus perturbée que d’habitude ».

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