L’année s’achève, et c’est l’occasion de revenir sur les percées scientifiques réalisées par les chercheurs du monde entier. Dans son dernier numéro, le magazine spécialisé Science distingue les plus grandes avancées publiées. « Les percées doivent faire une de ces deux choses, soit résoudre un problème auquel les gens étaient confrontés depuis longtemps, soit ouvrir la voie à beaucoup de nouvelles recherches » indique Robert Coontz, rédacteur adjoint des actualités de Science. « Dans ce cas, la plus grosse partie de ce qui sera de la science vraiment bonne est devant nous. »
Rajeunir grâce au sang
Sans surprise, la sonde Rosetta est désignée comme la percée principale de l’année. Son atterrissage, en douceur, sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko a très été suivie. L’appareil s’est mis au travail et a permis de détecter de l’eau, du méthane et de l’hydrogène, renforçant l’hypothèse que certains éléments sur Terre proviennent de l’espace.
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La médecine est aussi à l’honneur dans ce classement du magazine Science. La revue salue des travaux menés sur la souris, avec qui on s’approche de la Fontaine de Jouvence. Deux équipes de chercheurs ont transfusé du sang de jeunes souris vers des souris âgées. Grâce au facteur GDF11, les muscles et le cerveau des secondes ont rajeuni. Ces travaux, publiés dans Science et Nature Medicine, sont porteurs d’espoirs dans la maladie d’Alzheimer. « Dans un premier essai clinique, 18 malades d’Alzheimer d’âge moyen ou âgés reçoivent des injections de plasma fourni par de jeunes adultes. L’an prochain, à la même époque, nous saurons peut-être si un sang jeune peut combattre une des maladies liées à l’âge les plus craintes », souligne Jocelyn Kaiser, rédactrice pour Science.
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Manipuler les souvenirs
Egalement salués, les travaux américains sur les cellules productrices d’insuline (cellules bêta). Les chercheurs sont parvenus à reprogrammer des cellules de peau en cellules bêta. C’est la première fois qu’une équipe parvient à les fabriquer in vitro. Ces travaux devraient permettre de mieux comprendre le mécanisme du diabète de type 1. « Les chercheurs ont déjà commencé à comparer les cellules bêta fabriquées à partir de cellules de peau de sujets sains avec celles des patients diabétiques, et espèrent mettre en évidence les grandes différences », précise Gretchen Vogel, rédactrice pour Science.
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Grâce à l’optogénétique, qui manipule les neurones à l’aide de rayons lumineux, des chercheurs sont parvenus à changer des souvenirs précis chez la souris. Ils sont allés jusqu’à changer le contenu émotionnel d’un souvenir en implantant de faux souvenirs chez l’animal. « L’an dernier, dans des travaux évoquant Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Inception, les chercheurs ont découvert le moyen de manipuler des souvenirs spécifiques chez la souris (…) Dans une série d’expérience, ils ont montré qu’ils pouvaient supprimer des souvenirs existants et en "incepter" des faux », écrit Emily Underwood.
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Etendre l'alphabet du vivant
Dernière percée médicale, et pas des moindres : l’extension de l’alphabet génétique. Une équipe est en effet parvenue à ajouter deux lettres aux constituants de l’ADN sur une bactérie E. coli. En plus des nucléosides (éléments de l’ADN et de l’ARN) G, T, C et A, les chercheurs ont ajouté les nucléosides X et Y. Ces bactéries ne peuvent se reproduire en milieu naturel, mais elles pourront permettre la création de protéines sur mesure.
« A terme, ce code génétique étendu pourra servir à des fins académiques, en permettant aux chercheurs de savoir si les bactéries équipées de nouvelles lettres peuvent développer de nouvelles capacités », explique Robert Service, qui se veut rassurant. « Cela peut ressembler au scénario d’un techno-thriller dystopique, mais les chercheurs précisent qu’il ne faut pas s’inquiéter : comme ces lettres d’ADN n’existent pas hors du labo, une bactérie évadée ne pourrait pas reproduire ses instructions génétiques étendues et les transmettre à sa descendance. »
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Ebola sacré catastrophe de l'année
L’équipe de Science décrit aussi la plus grande catastrophe de l’année : l’échec à endiguer l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. L’épidémie a commencé dans quelques zones de Guinée, puis s’est rapidement étendue à la Sierra Leone et au Liberia. « Le problème a peu attiré l’attention internationale jusqu’à ce que deux missionnaires américains soient infectés fin juillet », dénonce Jon Cohen. « L’épidémie d’Ebola en 2014 a mis en lumière le fait que nous devons agir régulièrement et agressivement contre ce virus, ou il continuera à nous donner des leçons que nous ne souhaitons pas recevoir », conclut-il.
Parmi les autres « flops » de 2014, le scandale des cellules souches au Japon. Une étude présentant une nouvelle manière de fabriquer des cellules avec un bain d’acide… avait été falsifiée par une des chercheuses de l’Institut Riken.
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