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Reconstruction mammaire

Les tissus autologues, efficaces après un cancer du sein

Par Suzanne Tellier

Après une mastectomie, les femmes qui utilisent leurs propre tissus pour la reconstruction mammaire affichent un fort taux de satisfaction, selon une étude. En France, la technique est encore peu proposée.

DURAND FLORENCE/SIPA

Se reconstruire à partir de soi-même. Après un cancer du sein, il est possible de prélever ses propres tissus pour fabriquer une nouvelle poitrine. Une alternative aux implants qui montre des résultats encourageants, selon une étude publiée dans le journal de l’American Society of Plastic Surgeons.

Prélèvements sur le ventre et le dos
A l’University Medical Center Groningen, en Hollande, des chercheurs ont sondé le taux de satisfaction des femmes ayant subi une reconstruction mammaire après une mastectomie. Sur les 92 patientes, la moitié a choisi de se faire poser des implants prothétiques, et l’autre a opté pour une reconstruction par tissus autologues.

Cette technique consiste à prélever des tissus sur certaines parties du corps de la femme pour reconstruire le sein. Les chirurgiens prennent du muscle, de la peau et du tissu graisseux sur le ventre ou le dos, et la cuisse, parfois. Vécue comme moins invasive que la prothèse, les patientes semblent plébisciter cette méthode.


Source : Société canadienne du cancer

Meilleure qualité de vie post-opératoire
En effet, selon l’étude, 75% des femmes étaient satisfaites de la reconstruction par tissus autologues - contre 65% dans l’autre groupe, ayant choisi les implants. Quant à la période post-opératoire, elle semblait mieux se dérouler pour les patientes du premier groupe : 82% se sont dites satisfaites du niveau de vie global récupéré après la reconstruction mammaire par tissus (psychosocial, sexuel, bien-être physique), contre 74,5% pour les porteuses de prothèses.

« Il n’y a pas de méthode idéale de reconstruction. Chacune doit s’adapter aux demandes des patientes, écrivent les auteurs. Mais cette étude peut aider les patients et les équipes médicales à prendre une décision ».

Des carences en soins de reconstruction
Elle a aussi le mérite de faire parler de cette technique, peu répandue dans les hôpitaux français. L’opération est longue - entre 4 et 6 heures - et seuls quelques chirurgiens la pratiquent. La grande majorité des patientes doivent se tourner vers des centres privés aux dépassements d’honoraires prohibitifs.

En 2011, la HAS a pourtant recommandé le remboursement de la reconstruction par tissus autologues, une méthode défendue par le chirurgien Laurent Lantieri, pionnier de la greffe de la main et du visage en France. En mai, Académie de médecine s’est penchée sur les taux de récidive après ce type d’opération. Leurs travaux portent sur 110 patientes. 92% d'entre elles n’ont pas connu de nouvel épisode carcinologique trois ans après l’injection de graisse.

Chaque année, 15 000 femmes doivent subir une mastectomie, mais le tiers seulement bénéficie d’une opération de reconstruction, pourtant prévue dans le système de soins en France. Selon les défenseurs de cette méthode, les tissus autologues pourraient pallier ces carences.