Au lendemain du réveillon 2013, l'Alsace était en deuil. En cause les pétards qui avaient entraîné la mort d'un jeune de 29 ans. L’année d’avant, deux jeunes avaient perdu la vie de la même manière. Tous les ans, aux 12 coups de minuit, toute la région s’embrase d’un gigantesque concert de pétards et autres explosifs, comme le raconte le journal local Dernières Nouvelles d’Alsace. Le plus souvent, la tradition est bon enfant, mais depuis quelques années les accidents ne sont plus rares.
«Je fais tout ce qu’il faut pour parvenir à un bilan de zéro mort cette année, et j’espère qu’on y parviendra», martèle le préfet de région, Stéphane Bouillon, dans un entretien à l’AFP. La législation sera donc à nouveau restreinte : du 1er novembre au 10 janvier, seul les petits pétards du cas 1 sont autorisés en Alsace. L’importation de pétards ainsi que leur vente est interdite. La police procède aussi à de nombreux contrôles transfrontaliers sur les véhicules pour arrêter ceux qui vont se fournir en Allemagne où la vente est autorisée.
Législation selon les régions
Lors de périodes exceptionnelles, comme le nouvel An, la législation diffère selon les départements et préfectures. À Paris, tous les produits d'artifices sont interdits à la vente et à l'utilisation pendant les fêtes de fin d'année.
En revanche dans le Nord, les catégories allant de 2 à 4 sont totalement interdites à la vente mais la moins dangereuse est autorisée. Ce qui n'empêche pas les habitants d'en posséder puisque la frontière avec la Belgique est proche, et là-bas, ils sont autorisés.
Reconnaître le bon pétard
Les pétards doivent respecter la législation. Ils doivent porter le marquage CE, pour être conformes aux normes européennes. Deuxièmement, la réglementation distingue 4 catégories d’artifice, dits de "divertissement". Les pétards et feux d'artifice de catégorie 1 sont interdits aux enfants de moins de 12 ans. Ceux des catégories 2 et 3 sont interdits aux moins de 18 ans. Ceux de la catégorie 4 sont réservés aux professionnels. La classification est précisée sur l'emballage.
Agrément préfectoral nécessaire pour acheter ou utiliser un mortier
Il est bon de rappeler qu'un décret de 2010 stipule que « l'acquisition, la détention et l'utilisation des artifices de divertissement et des articles pyrotechniques destinés au théâtre » et à être lancés par un mortier aux majeurs titulaires doivent faire l'objet d'un agrément préfectoral .
En 2012, et régulièrement depuis, la Société Française de Chirurgie Orthopédique (Sofcot) demande aux pouvoirs publics de durcir les sanctions pour limiter les importations de pétards non conformes et qui présentent de réels dangers pour l’homme.
Brûlures, amputations de doigts..
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En tout, 8 personnes ont perdu la vie à cause des pétards en France depuis 2000. A ces chiffres il faut évidemment ajouter ceux des très nombreux blessés. Tous les ans, en juillet et en décembre, les services de chirurgie de la main sont débordés. Des brûlures, parfois au 3e degré, et jusqu'à l'amputation de plusieurs doigts voire de la main, les médecins constatent tous les ans les conséquences de la mauvaise manipulation de pétards et mortiers.
Interrogé le 1er janvier 2013, Alain Sautet, professeur du service orthopédique de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, détaillait dans les colonnes du Parisien les traumatismes que peuvent entraîner les mortiers, qu'il ne faut pas confondre avec « les pétards rouges de faible puissance à mèches courtes utilisés autrefois par les enfants. »
Les mortiers se présentent « sous la forme d'une boule dont le diamètre varie entre 40 mm et 60 mm [qui] se glissent dans un tube qui doit [lui-même] être planté dans le sol et qui projette ensuite l'artifice à plusieurs mètres de hauteur avant d'exploser », explique ce spécialiste. Il arrive souvent que « l'engin explose dans les mains de l'utilisateur car il ne sait pas le manipuler, provoquant des lésions multiples : au niveau de la peau, des nerfs, des artères et des os. Des blessures assimilables à des blessures de guerre qui nécessitent de la microchirurgie pendant plusieurs heures. On répare mais la victime reste parfois avec un handicap majeur, comme la perte de plusieurs doigts. ». La prudence est donc de rigueur.