Ils n’ont pas dit leur dernier mot. Les médecins libéraux comptent poursuivre leur mouvement de protestation initié au début des vacances, le 23 décembre. Les cabinets médicaux ont rouvert leurs portes ce jeudi. Mais les syndicats appellent à faire pression sur le gouvernement par d’autres biais.
Engorger l’Assurance Maladie
Parmi eux, la grève administrative. « Nous allons inonder de papiers les caisses d’Assurance Maladie, explique Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, principal syndicat de médecins libéraux. Tout ce que nous télétransmettons d’habitude – accidents de travail, ententes préalables, comptes-rendus médicaux… - sera envoyé par courrier ». Un clin d’œil à la paperasse supplémentaire que les médecins craignent de voir arriver, avec la généralisation du tiers-payant.
La CSMF invite également les travailleurs libéraux à bouder la Carte Vitale de leurs patients, qui devront donc renvoyer leur feuille de soins à l’Assurance Maladie pour se faire rembourser. Ce qui devrait l’engorger davantage, et, nécessairement, entrainer d’importants retards.
« Bien sûr, nous demandons avant aux patients si cela ne les dérange pas de se faire rembourser tardivement, assure Jean-Paul Ortiz, qui exerce à Perpignan. Si c’est le cas, nous prendrons leur Carte Vitale. Ce matin, en tout cas, mes patients ont tous accepté ». La méthode devrait être suivie par les autres syndicats, dont MG France, qui regroupe des généralistes.
« Une oreille un peu plus attentive »
Des « actions coup de poing » sont également prévues dans les prochaines semaines, si le gouvernement ne répond pas aux demandes des syndicats. Les grévistes réclament la réécriture du projet de loi santé. Depuis le début de leur mouvement de grogne, ils s’opposent à la généralisation du tiers-payant et à la réorganisation territoriale des soins, qui confère un pouvoir accru aux Autorités Régionales de Santé. Ils réclament également une revalorisation des tarifs de la consultation, de 23 à 25 euros.
Contrairement aux urgentistes et aux cliniques, qui ont obtenu des concessions du gouvernement, les médecins n’ont pas convaincu le gouvernement de faire marche arrière. « Nous avons droit à une oreille un peu plus attentive, c’est tout », déplore Jean-Paul Ortiz.
Selon la CSMF, Marisol Touraine aurait formé trois groupes de travail sur les sujets qui fâchent. « Mais tout le monde sait que les groupes de travail sont un moyen idéal d’enterrer les problèmes », prédit Jean-Paul Ortiz, qui sera reçu au ministère de la Santé la semaine prochaine.