Patch, gomme, chewing-gum, inhaleurs… Certains ont tout tenté, en vain. Pour se débarrasser de leur dépendance au tabac, une nouvelle méthode viendra peut-être à leurs secours. Des chercheurs viennent en effet de mettre au point un vaccin anti-nicotine. Le principe du vaccin, c’est que notre organisme produise des anticorps dirigés contre la nicotine, ce qui l’empêcherait de remonter au cerveau. Ainsi, le plaisir associé à la cigarette serait réduit à néant et le risque de dépendance terrassé.
Sur le papier, le vaccin anti-nicotine ressemble donc à l’arme fatale. Pourtant, plusieurs équipes de recherche travaillent depuis des années sur sa mise au point sans jamais y être parvenu.
Le professeur Ronald Crystal, qui a coordonné les toutes dernières expériences menées chez la souris, a-t-il plus de chances d’aboutir ? A en croire Jacques Le Houezec, consultant en santé publique et spécialiste de la dépendance tabagique, cette dernière version du vaccin anti-nicotine « marque une avancée ». « C’est une nouvelle piste encourageante.»
Les recherches du Pr Ronald Crystal représentent en effet un tournant car la technique employée n’est pas la même. Auparavant, les vaccins reposaient sur un système traditionnel : pousser le système immunitaire à produire des anticorps contre le nicotine. Toute la difficulté était d’en produire suffisamment afin de pouvoir rivaliser lors de chaque bouffée de cigarettes. Aujourd’hui, l’équipe américaine a opté pour la thérapie génique. Un virus génétiquement modifié et programmé pour fabriquer les fameux anticorps est injecté dans l’organisme.
Jacques Le Houezec, consultant en santé publique : « A priori, on pourrait être vacciné à vie contre la nicotine ».
Le système immunitaire serait alors capable de fabriquer des anticorps à la demande. Le Pr Ronald Crystal n’hésite d’ailleurs pas à comparer ces anticorps à « des Pacman en patrouille neutralisant la nicotine avant qu’elle puisse avoir un effet biologique ». Chez la souris, ce régiment de « Pacman » a été particulièrement efficace puisqu’il capturé 85% de la nicotine. Les précédents vaccins, expérimentés eux aussi chez l’animal, n’avaient réussi à atteindre qu’un taux de 60%.
Reste maintenant à savoir si ces résultats sont suffisants pour annihiler le plaisir du tabac. Autrement dit, faut-il capturer 100 % de la nicotine pour que le vaccin soit efficace ?
La réponse à un vaccin est évidemment différente d’un individu à l’autre mais les résultats obtenus avec les cigarettes dénicotinisées apportent un élément de réponse. Elles ne contiennent que 0,05 mg de nicotine, ce qui suffit à mobiliser 30% des récepteurs nicotiniques dans le cerveau. Or, plus les récepteurs sont stimulés, plus la dopamine est libérée dans le cerveau. La dopamine n’étant rien d’autre que la molécule du plaisir. C’est pourquoi Jacques Le Houezec estime qu’ « arrêter de fumer grâce au vaccin semble difficile ». Cependant, cette nouvelle technique de thérapie génique ne doit pas être enterrée pour autant.
Jacques Le Houezec : « Ce vaccin pourrait permettre d’éviter la rechute à ceux qui ont déjà arrêté de fumer ».
Le passage de la souris à l’homme ne se fera pas en une étape. Les chercheurs américains doivent d’abord tester leur vaccin anti-nicotine chez le rat puis chez le primate. En attendant, le duo substitut nicotinique + accompagnement personnalisé reste la meilleure méthode pour arrêter de fumer. La période des vacances peut constituer un bon moment pour entamer un sevrage. Et pour ceux qui trouveraient l’échéance trop proche, ils peuvent attendre septembre. Une nouvelle hausse de 6% du prix du tabac est prévue pour la rentrée prochaine.
Première publication le 30 juin 2012