Perturber l’horloge biologique n’apporte rien de bon. Le travail de nuit, on le sait, favorise l’obésité, les troubles du sommeil, nuit à la santé cardiovasculaire… Mais où commencent les méfaits de ces horaires décalés ? Selon une étude parue dans l’American Journal of Preventive Medicine, les premiers effets se manifestent dès 6 ans de travail nocturne.
Mortalité accrue
L’équipe de chercheurs a utilisé les dossiers de 75 000 infirmières américaines recrutées dans une cohorte (Nurses' Health Study). Pendant 22 ans, leur rythme de travail et leur état de santé ont été suivis. Dès 6 ans de travail de nuit, l’effet néfaste de ce décalage se fait sentir. Les participantes étaient exposées à un risque accru de 11 % de mortalité toutes causes confondues.
La mortalité cardiovasculaire, elle, est accrue de 19 et 23 % chez les femmes qui travaillent de nuit pendant 6 à 14 ans ou plus de 15 ans. En revanche, ce rythme n’est pas associé à une augmentation du risque de cancer. Sauf pour le cancer du poumon, qui grimpe de 25 % chez les infirmières de nuit pendant 15 ans ou plus.
Un cancérigène probable
Cette augmentation modérée, mais bien réelle, confirme des travaux déjà réalisés antérieurement. Depuis 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère le travail de nuit comme un cancérigène probable. Des travaux scientifiques ont démontré que le rythme circadien joue un rôle important dans la santé cardiovasculaire et l’activité anti-tumorale. Les effets des horaires décalés ne s’arrêtent pas là : ils affectent aussi le cerveau. Inquiétant quand on sait que 3 millions de Français travaillent de nuit… et ce sont principalement des femmes.