Les raisons qui poussent une personne à mettre fin à ses jours restent bien souvent un mystère. Cette nouvelle étude sur le suicide publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ne perce pas totalement ce mystère mais elle apporte un éclairage sur la question : le chômage pousse-t-il au suicide ? Comme le relate le Parisien, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il existe "une relation troublante entre l'augmentation du taux de chômage et la fréquence des passages à l'acte, liés à des dépressions".
Concrètement, une hausse de 10% du taux de chômage s'accompagnerait par une hausse de 1,8% à 2,6% du taux de suicide. Bien sûr, les chercheurs insistent : ces résultats ne permettent pas d'affirmer qu'il existe un lien de cause à effet direct entre chômage et suicide. Mais la méthodologie est suffisamment sérieuse pour mettre des chiffres précis derrière ce phénomène qui restait un peu tabou. D'après les chercheurs de l'Inserm qui ont mené l'enquête, "le nombre de suicides attribuables en France à la hausse du chômage entre 2008 et 2010 peut être estimé à 584". Et ce sont les hommes entre 25 et 49 ans qui seraient les plus à risque de passer à l'acte. Et quand le chômage diminue - comme entre 2000 et 2001, ainsi qu'entre 2003 et 2007-, le taux de suicide suit la même tendance.
Pour le psychiatre Michel Debout, interrogé dans les colonnes du Parisien, ces chiffres prouvent que "le chômage, ce n'est pas seulement un problème économique, social, financier, c'est aussi un problème de santé publique". Dans son livre à paraître, "Le traumatisme du chômage"*, les pouvoirs publics sous-estiment ce problème et il est temps d'alerter sur la santé de 5 millions de personnes.
*"Le traumatisme du chômage" de Michel Debout, à paraître aux éditions de l'Atelier