Les enfants sont souvent exclus des études évaluant l’efficacité et la tolérance de nouveaux traitements. Même chose à l’autre extrémité de la vie. Les plus de 75 ans sont aussi peu représentés dans les recherches médicamenteuses. Une étude américaine publiée lundi dans le Journal of Clinical Oncology en fournit un bel exemple dans le cancer de la prostate. Et en particulier dans le cancer de la prostate localement avancé. Il s’agit d’un cancer agressif qui s’est propagé à l’extérieur de la prostate mais à proximité de la glande. Il est sujet au développement de métastases et au risque de décès. En Europe et aux Etats-Unis, les recommandations sont claires pour traiter ce type de cancer. Il faut associer la radiothérapie à l’hormonothérapie. Ne recourir qu’à l’hormonothérapie est moins efficace, comme l’ont démontré trois grosses études. Mais est-ce que ces résultats peuvent s’appliquer aux patients plus âgés qui étaient peu représentés dans ces études ? Justin Bekelman, de l’université de Pennsylvanie, et ses collègues ont voulu apporter une réponse à cette question.
Peu de patients âgés traités
Une question légitime puisque, selon certaines études, 67% des patients âgés de plus de 75 ans avec un cancer de la prostate à haut risque ne reçoivent aucun traitement ou une hormonothérapie seule et seuls 33% font l’objet d’un traitement local, comme le soulignent Dean Shumway et Daniel Hamstra, de l’université de Michigan, dans un éditorial accompagnant l’article.
Justin Bekelman et ses collègues se sont intéressés à 31541 hommes âgés de 65 à 85 ans atteints d’un cancer de la prostate. Pour les hommes les plus jeunes (65-75 ans), ils ont confirmé dans la vraie vie les résultats obtenus avec des patients très sélectionnés dans les essais cliniques. Ajouter la radiothérapie à l’hormonothérapie permet de diminuer de 57% les décès des suites du cancer de la prostate par rapport à l’hormonothérapie seule. Mais le résultat le plus intéressant concerne les patients plus âgés (76 à 85 ans).
Une baisse de près de 50% de la mortalité
Chez eux aussi, la baisse de la mortalité des suites d’un cancer de la prostate était de 49% inférieure avec la bithérapie par rapport à la monothérapie. Le taux de décès pour un suivi de 7 ans était en effet de 9,8% avec l’hormonothérapie seule, contre 5% avec la radiothérapie en plus. Dans les deux groupes, il y avait enfin une baisse d’environ un tiers des décès de toutes causes.