Une nouvelle méthode de production d’antibiotiques pourrait permettre de s’attaquer à un problème de santé publique majeur : les bactéries multirésistantes. Jusqu'à présent, la science semblait prise de vitesse : depuis plusieurs années, les nouvelles molécules des antibiotiques sont découvertes moins rapidement que les « super bactéries », comme le staphylocoque doré, se répandent.
Chaque année les super bactéries tuent aux Etats-Unis 23 000 personnes, davantage que le VIH.
Cette étude, qui a été publiée hier dans le journal Nature, fait état de la production d’un nouvel antibiotique, le teixobactin, pour l’instant testé uniquement sur des souris, qui a montré une très grande efficacité pour soigner, sans effets secondaires. des infections sévères.
99 % des espèces microbiennes hors de portées des chercheurs
Au-delà de cette première découverte, les chercheurs qui ont mis au point cette nouvelle méthode, estiment que celle-ci pourrait permettre de développer d’autres molécules pour lutter contre les infections et les cancers, molécules qui étaient jusqu’à présent hors de portées des chercheurs. En effet, 99 % des espèces microbiennes ne pouvaient pour l’instant pas être cultivées en laboratoire.
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs de la Northeastern University de Boston se sont tournés vers la source de presque tous les antibiotiques : le sol. C'est en effet dans le sol qu'ont été découverts pénicilline, streptomycine, tétracycline mais aussi certains traitements contre le cancer.
Le Dr Kim Lewis et ses collègues ont mis en place un procédé pour recueillir les millions de bactéries dans le sol et les faire grandir. Leur technique ? Un « hôtel souterrain » pour bactéries. Le iChip est une plaque spécialement créée pour l’expérience. Elle accueille des bactéries que les chercheurs veulent cultiver et est placée dans le sol.
La plaque iChip qui permet de développer de nouveaux antibiotiques - Nature
Des antibiotiques qui pourraient ne pas développer de résistance chez les bactéries
« En gros, on dupe les bactéries », explique le Dr Lewis. Dans leur environnement naturel, elles grandissent et forment des colonies. Cette nouvelle méthode permet donc d'assister au développement de colonies de bactéries qui, une fois constituées, sont « domestiquées ». Les chercheurs peuvent alors les cultiver en laboratoire.
« Jusqu’à présent, 25 nouveaux antibiotiques ont été découverts grâce à cette méthode, et le teixobactin est le dernier et le plus prometeur », remarque le Dr Lewis. Les propriétés de cette molécule suggèrent que les antibiotiques développés par cette méthode ont des chances de ne pas développer de résistance » de la part des bactéries, conclue l'étude des chercheurs.