Une consultation médicale ne suffit pas pour détecter l’autisme. Sur une fenêtre de 10 à 20 minutes, même les spécialistes laissent passer de jeunes malades. C’est la conclusion d’une étude parue dans la revue Pediatrics. Le dépistage de ce trouble du développement doit faire l’objet d’une consultation à part, selon les auteurs.
Une maladie faite de nuances
Une équipe de la Brigham Young University à Provo (Utah, Etats-Unis) a examiné 42 enfants âgés de 15 à 33 mois. Cette consultation standard, de 10 minutes, a été filmée. Les vidéos ont ensuite été passées à des psychologues spécialistes de la petite enfance et de l’autisme. Ils avaient pour mission de classer les enfants en trois groupes : état de santé normal, retard de langage ou autisme. Un seul outil était à leur disposition : le comportement des enfants au cours de la consultation.
10 minutes de consultation ne suffisent pas pour repérer des signes d’autisme, concluent les chercheurs. Les experts ont échoué à identifier 39 % des enfants souffrant de troubles envahissants du développement. Et pour cause : sur une fenêtre aussi étroite, les enfants autistes présentent plus de comportements typiques qu’atypiques. La maladie est parfois trop nuancée pour s’exprimer clairement en si peu de temps : « Certains enfants autistes sont clairement handicapés, et il est facile de les repérer.
Mais cette étude a suivi un panel entier d’enfants qui se présentent chez le pédiatre, et nous avons découvert que de nombreux handicaps ne sont pas repérés immédiatement », résume Judith Miller, co-auteur de l’étude. « Pour ces enfants, des instruments de dépistage formels et plus de temps avec un spécialiste peuvent être cruciaux. »
Impliquer les parents
« Souvent, ce n’est pas la faute du pédiatre si l’enfant n’est pas référé à un spécialiste », commente Terisa Gabrielsen, principal auteur de l’étude. « Même les experts de l’autisme ont raté un fort pourcentage d’enfants dans cet intervalle. » La solution est simple aux yeux de cette experte : les pédiatres doivent prendre davantage d’informations, notamment auprès des parents. « Les parents voient le meilleur et le pire de leurs enfants. Ce sont les experts pour leurs enfants. Ils peuvent être éduqués sur les signes et les symptômes, et doivent aider leur médecin en signalant s’il y a un problème, s’impliquer dans la décision de consulter un spécialiste », résume Terisa Gabrielsen.
Impliquer les parents pour repérer plus tôt l’autisme est crucial. En prenant en charge tôt ces troubles du développement, il est possible de limiter le handicap. « L’un des plus gros problèmes avec l’identification précoce de l’autisme, c’est que de nombreux enfants ne sont pas repérés avant leur entrée à l’école. Cela signifie qu’on a échoué à intervenir pendant les premières années, ce qui peut changer un enfant », explique Terisa Gabrielsen, principal auteur de l’étude.