Quand le comportement d’une minorité de spécialistes rejaillit sur toute la communauté médicale. A l’heure où les médecins croisent le fer avec la ministre de la Santé sur l’avenir de leur profession, Daniel Rosenweg n’y va pas par quatre chemins : « le scandale perdure ».
Dans les colonnes du Parisien, le journaliste dévoile les conclusions d’une nouvelle enquête sur les dépassements d’honoraires des médecins : « A l’hôpital, résume-t-il, des soins (sont) facturés cinq fois plus chers qu’en clinique ». Réalisée par le site Internet 66millionsdimpatients.org, et l’association 60 Millions de consommateurs, cette étude porte sur dix actes très répandus.
Les exemples sont éloquents. En 2013, pour une opération de la cataracte, l’Assurance maladie rembourse à hauteur de 271,70 euros. Avec les dépassements d’honoraires, la facture peut atteindre 500 euros dans le privé mais grimper jusqu’à 2 000 euros si l’opération est pratiquée dans le cadre de l’activité libérale d’un médecin hospitalier.
Pour l’ablation de la prostate, les prix varient de 1 à 5 (800 euros en clinique contre 4 200 euros dans le public).
Si seulement 4 480 médecins à temps plein à l’hôpital ont le droit de pratiquer des dépassements, les montants demandés arrondissent de manière très confortable leurs fins de mois. En 2014, précise le quotidien, ces quelques privilégiés du service public ont pu, en moyenne, gonfler leurs revenus annuels de 44 950 euros net (51 000 euros en Ile-de-France). Dans le palmarès, les gastro-entérologues semblent être parmi les plus raisonnables (20 000 euros), loin derrière les ophtalmologistes (55 000 euros).
« Ces mandarins à la main leste, écrit le journaliste, justifient leurs excès par leur haute qualification, leur notoriété, et par la "faible" retraite qui les attend. » En effet, de peur de voir partir ses médecins les plus prestigieux vers un secteur privé beaucoup plus rémunérateur, le législateur a ouvert, il y a plusieurs années, cette soupape financière.
Mais voilà, ces dépassements exorbitants restent, bien souvent, à la charge des patients, car les complémentaires ne les prennent pas toujours en charge, surtout lorsqu’ils sont si élevés. De plus, en prenant les rênes du ministère de la Santé, Marisol Touraine avait promis de mettre de l’ordre dans ces pratiques en limitant les excès et en faisant jouer la transparence. Conclusion de Christian Saout, secrétaire général du CISS, collectif représentant les associations de patients, dans le quotidien : « Aucune réponse n’a été apportée par les pouvoirs publics à ces pratiques. »