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Syndrome "aïe crépitant de Tillaux"

Open d'Australie : les médecins justifient le forfait de Tsonga

Par Bruno Martrette

Le tennisman français Jo-Wilfried Tsonga souffre d'un syndrome "aïe crépitant de Tillaux".  Cette pathologie bénigne mais très douloureuse l'a contraint à déclarer forfait pour l'Open d'Australie. 

VANSTEENKISTE STEPHANE/SIPA

La saison 2015 démarre très mal pour le numéro 1 français de tennis Jo-Wilfried Tsonga. Le natif du Mans (29 ans) a en effet annoncé qu'il ne disputerait pas l'Open d'Australie, premier tournoi du Grand Chelem de l'année, qui débute le 19 janvier à Melbourne. Côté explications, « Big Jo » a indiqué sur son site internet : « Je souffre toujours d’une inflammation de l’avant-bras (syndrome de l’intersection) et cela ne me permet pas d’être à 100 % de mes capacités en compétition. Je vais donc encore bénéficier, sur une période de 3 semaines, de tous les soins nécessaires afin de pouvoir reprendre le chemin du circuit dans les meilleures dispositions possibles. Merci à tous pour vos nombreux messages et le soutien dont vous me faites part ! »
Cette blessure peu connue du grand public serait fréquente chez les tennismen. Contactée par pourquoidocteur, le Dr Frédérique Mazodier, chirurgien de la main à l'Institut Français de Chirurgie de la Main (Paris XVIe) nous en dit plus sur les chances de récupération du champion.

Qu'est-ce que le syndrome de l'intersection ? 
Dr Frédérique Mazodier
:  Il s'agit d'une tendinite des deux tendons qui viennent se croiser environ 5 cm au-dessus du poignet. Ces tendons permettent pour l'un d'étendre le poignet et pour l'autre d'étendre le pouce. Ils se croisent  normalement sans douleur. Mais parfois il y a une inflammation liée à une importante sollicitation lors de mouvements répétitfs. Et cette inflammation génère un gonflement et des douleurs.
Ce syndrome est aussi appelé le "aïe crépitant de Tillaux" car lorsque l'on palpe le poignet les patients disent "aïe"! Et au toucher le frottement de l'inflammation crée une espèce de crépitement, comme si l'on écrasait de petites bulles. C'est un signe clinique. 

Cette blessure est-elle forcément invalidante ?
Dr Frédérique Mazodier
: C'est très douloureux et cela empêche vraiment de jouer au tennis. Il est même presque impossible d'utiliser son pouce. En fait, à chaque fois que l'on déplace le pouce ou le poignet vers l'arrière, les tendons se frottent, reproduisant systématiquement la douleur. C'est terriblement invalidant, même pour les gestes de la vie quotidienne.
C'est une blessure fréquente chez les tennismen mais que l'on retrouve aussi dans des professions où il existe des mouvement répétitifs utilisant le pouce.

Cela se soigne-t-il bien ?
Dr Frédérique Mazodier : Normalement oui. Le traitement consiste avant tout à arrêter les mouvements douloureux. C'est donc logique que Jo-Wilfried Tsonga stoppe pour l'instant la compétition. L'arrêt de l'effort va permettre de diminuer l'inflammation localement. En général, au repos s'ajoute aussi parfois la pose d' une atelle pour limiter au maximum les mouvements entre les deux tendons. Et puis éventuellement des médicaments contre la douleur, voire une infiltration, peuvent être prescrits.

En général, il faut compter quelques semaines pour que la douleur disparaisse. Mais parfois la reprise peut déclencher à nouveau la douleur. Il faut vraiment que l'inflammation ait totalement disparu avant de reprendre. La réponse au traitement, et donc la vitesse de récupération, dépendent aussi de la façon dont la personne réagit aux traitements.

Des récidives sont-elles possibles ? 
Dr Frédérique Mazodier : Oui, c'est tout à fait possible car c'est une pathologie liée à la surutilisation des deux tendons. Ils peuvent donc un jour de nouveau gonfler et le processus de frottement douloureux réapparaître. Mais rassurez-vous c'est rarement un motif d'arrêt de carrière. Cette blessure peut dans le pire des cas justifier des arrêts prolongés à plusieurs moments de la carrière d'un sportif de haut niveau.

Continuer à jouer avec un syndrome de l'intersection est-ce risqué ? 
Dr Frédérique Mazodier
: Oui, cela peut aggraver la blessure. Surtout le fait d'auto-entretenir une inflammation peut l'augmenter localement, et par conséquent accroître la douleur et ralentir la guerrison. De toute façon, en participant à une compétition avec un syndrome de l'intersection un tennisman jouerait mal puisque cette blessure limite considérablement la possibilité de mouvements.