Cette année, l'efficacité du vaccin contre la grippe est très faible. « Au lieu d’avoir une efficacité aux alentours de 60-65 % on se retrouve avec une efficacité vaccinale entre 30 et 40 % », expliquait le 16 janvier à Pourquoi Docteur le professeur Bruno Lina, virologue à Lyon. Ce chiffre signifie que moins de la moitié des personnes vaccinées contre la grippe sont véritablement immunisées contre la souche qui contamine le plus de personnes cette année. C'est un véritable problème, surtout au moment où l'épidémie s'apprête à toucher la France : pour la 2ème semaine du mois de janvier, le réseau Sentinelles estime que 174 cas de grippe se déclarent pour 100 000 habitants. Le seuil épidémique est fixé à 179 cas.
La situation est identique aux Etats-Unis, et les Centres pour le Contrôle et la Prévention des Maladies (CDC) militent pour un usage large des médicaments antiviraux, en particulier pour les malades et les patients les plus vulnérables. Les CDC ont publié plusieurs recommandations pour les médecins et les agents de santé afin qu'ils prescrivent des antiviraux à tous les patients hospitalisés avec la grippe. "Les médecins doivent être conscients que tous les patients hospitalisés et ceux qui consultent en ville, à risque élevé de complications graves doivent être traités dès que possible avec l'un des troisantiviraux disponibles si la grippe est suspectée, quel que soit le statut vaccinal du patient et sans attendre les tests de confirmation", conseillent les CDC.
Et même s'il n'est pas toujours facile de déterminer rapidement si un patient est atteint de la grippe, sans l'aide d'un test en laboratoire... « la personne qui souffre tout à coup de sévères douleurs, d'une forte fièvre et de problèmes respiratoires – tout ce qui ressemble à la grippe, en fait – nous encourageons à la traiter immédiatement », a expliqué le Dr David Busch, chef de la division des maladies infectieuses au département de médecine du California Pacific Medical Center.
Un antiviral est une molécule perturbant le cycle de réplication d'un ou de plusieurs virus. Son utilisation permet donc de ralentir (mais rarement d'arrêter) une infection virale. C'est avec les vaccins et la prévention, la seule méthode connue permettant de lutter contre les infections d'origines virales.
La particularité du virus H3N2, souche Switzerland, c’est qu’il touche davantage les personnes âgées, avertit le Pr Bruno Lina. « On s’expose à avoir une épidémie où les personnes âgées peuvent être assez sérieusement touchées. Il y a une efficacité vaccinale résiduelle, mais elle sera moins bonne qu’attendue », estime ce spécialiste.