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Perturbées chez les travailleurs de nuit

Des hormones pour remettre à l'heure nos horloges biologiques

Par la rédaction

Une étude ouvre la piste de l'utilisation de glucocorticoïdes pour synchroniser les horloges biologiques déréglées chez certaines personnes, les travailleurs de nuit en particulier.

Petros Giannakouris/AP/SIPA

Les horloges biologiques du corps humain ont pour rôle de piloter différentes fonctions. Les changements physiologiques, qui interviennent pendant la journée, sont régulés par ce que l’on appelle l’horloge circadienne, elle-même composée d’une horloge centrale et des horloges périphériques.


Effet des glucocorticoïdes

Que faire lorsque ces horloges sont perturbées ? Une étude canadienne s’est justement penchée sur la question. Les résultats ont démontré que les horloges biologiques périphériques, qui sont localisées dans certaines cellules sanguines, pouvaient être synchronisées par l’administration de glucocorticoïdes - des hormones, naturellement produites par le corps. L’objectif de l’étude était de trouver une piste pour l’amélioration de la synchronisation des différentes horloges biologiques du corps. Publiée dans The FASEB Journal, elle a inclus 16 volontaires sains.


Retentissements sur le long terme

La question se pose en particulier chez les travailleurs de nuit, dont le rythme est inversé. Les êtres humains étant diurnes, le fait de rester éveillé la nuit peut perturber leur horloge biologique. Or, les dysfonctionnements des horloges biologiques sont loin d’être sans conséquence : dans le temps, ils seraient liés à une augmentation de l’incidence de différents problèmes de santé, qu’ils soient métaboliques ou cardiovasculaires, allant même jusqu’à certains types de cancers. Une horloge circadienne désynchronisée va ainsi perturber le sommeil, les performances et les paramètres cardiaques des travailleurs de nuit.


Des thérapies actuelles limitées

L’étude pointe aussi les limites actuelles des thérapies utilisées pour remédier aux troubles du rythme de l’horloge biologique. « Mal utilisée par exemple, la luminothérapie pourrait même avoir des conséquences néfastes », souligne le Dr Diane B. Boivin, directeur du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (Montréal), qui a réalisé cette étude.

Prudence cependant, concernant les résultats : « À ce stade, nous ne recommandons pas d’utiliser les glucocorticoïdes pour ajuster les rythmes des travailleurs à cause des risques médicaux qu’ils comportent, précise le Dr Boivin sur le site de l’institut Douglas. Par contre, ces résultats permettent de croire qu'il serait éventuellement possible de combiner une intervention qui cible plus particulièrement l'horloge centrale (révision des horaires de travail, luminothérapie contrôlée), avec un traitement pharmacologique qui ciblerait plus particulièrement les horloges périphériques, pour un ajustement plus complet de nos horloges. »

Il s’agirait d’une avancée de taille, en particulier, donc, pour les travailleurs de nuit. Rappelons que 3 millions de Français, principalement des femmes, travaillent la nuit.