D’un côté, une simple prise de sang. De l’autre, une ponction dans une tumeur pour l’analyser. Si l’on demandait aux patients atteints de cancer de choisir entre les deux, leur réponse serait évidente : la prise de sang. Car prélever des cellules au sein même d’une tumeur est parfois douloureux et peut nécessiter une hospitalisation. Et cela n’est pas toujours possible d’ailleurs, surtout au niveau des métastases. Mais cette prise de sang et son analyse pourraient-elles être aussi fiables que la ponction-biopsie ? Des chercheurs de l’Institut Curie à Paris ont prouvé que c’était le cas.
Ils ont présenté ce mardi leurs résultats dans un communiqué. Leurs données sont issues d'une importante étude en cours (SHIVA) visant à évaluer la thérapie ciblée dans les cancers. Il s’agit d’une médecine personnalisée, adaptée à chaque patient. Le traitement est ainsi choisi, non pas en fonction de la localisation de la tumeur (par exemple le sein ou le poumon) mais en fonction de la signature génétique de la tumeur (qui peut être commune à différents types de cancer).
Recherche ADN tumoral circulant
Dans le cadre de l’essai SHIVA, les chercheurs de l’Institut Curie ont recherché des anomalies moléculaires, d’une part, dans des prélèvements de tumeurs et, d’autre part, dans le sang des patients. Loin de la tumeur, dans le sang, on peut aussi trouver des brins d’ADN tumoral circulant. Cet ADN est issu de la dégradation des cellules tumorales. Il s’agit en effet d’un phénomène naturel de dégradation dans l’organisme afin de renouveler les tissus, comme cela se produit aussi pour les cellules normales.
L’analyse a porté sur 34 patients atteints de cancers différents (18 au total), avec des métastases. Pour 27 patients, 28 des 29 anomalies moléculaires détectées dans les biopsies l’ont été dans l’ADN tumoral circulant. Et une anomalie non détectée dans les biopsies a été identifiée dans l’ADN tumoral circulant. Chez les 7 autres patients, la recherche des anomalies n’a pas pu être effectuée dans les biopsies. En revanche, elle l’a été dans l’ADN tumoral circulant.
Première
« Cette étude est la première à montrer la faisabilité de la recherche de plusieurs anomalies moléculaires éligibles pour une thérapie ciblée dans l’ADN tumoral circulant par des techniques utilisées en routine chez des patients métastatiques et atteints de différents types de cancer », commente le Pr Jean-Yves Pierga, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Curie. Il s’agit d’une « alternative fiable aux biopsies », ajoute-t-il.