Elles sont toujours dans l’attente d’un traitement à la fois efficace et sans effet sur leur fertilité. Elles, ce sont les femmes qui souffrent d’endométriose. Les résultats d'une étude publiée dans Science Translational Medicine pourraient leur apporter une lueur d’espoir. Les chercheurs de l'université de l'Illinois ont développé deux molécules qui se sont révélées très prometteuses chez la souris.
Stérilité dans 40% des cas
L'endométriose affecte l'endomètre, la muqueuse qui tapisse l’utérus. Sans que l’on comprenne exactement pourquoi, des cellules de cette muqueuse migrent de manière anormale à l’extérieur de l’utérus, en cheminant par les trompes. Elles arrivent jusque dans d’autres organes comme la vessie, les intestins et plus rarement les poumons, où elles provoquent une forte inflammation ainsi que des lésions, adhérences et kystes.
La maladie provoque des douleurs fortes lors des règles ou lors des rapports sexuels, mais surtout elle cause une infertilité dans 40% des cas. Cette pathologie, qui touche une femme sur dix en âge de procréer, reste mal connue. On sait cependant que les oestrogènes jouent un rôle majeur dans le développement de la maladie.
Les oestrogènes en première ligne
Les traitements actuels visent principalement à soulager les douleurs et à supprimer la production d’oestrogènes, qui facilitent les processus inflammatoires dans l'endométriose, indique Yuechao Zhao, auteur de l'étude parue dans Science Translational Medicine. « Les hormones sont utilisées pour limiter le caractère cyclique et éventuellement provoquer une absence de règles. On a notamment recours à la pilule contraceptive », explique le Pr Pierre Collinet, gynécologue-obstétricien au CHU de Lille.
Mais outre leur rôle dans le cycle menstruel et la reproduction, ces hormones ont aussi une action sur le cœur, les os et le cerveau. Inhiber leur production a donc des effets secondaires qui dépassent le cadre de l’infertilité. «Les femmes se plaignent souvent de prise de poids, d'irritabilité, de baisse de la libido, etc., relève Yasmine Candau, présidente de l’association de patientes Endofrance. De plus l'efficacité des traitements est variable d’une personne à l’autre.»
Bloquer l'action des hormones en aval
La stratégie choisie par les chercheurs américains pour diminuer ces effets secondaires consiste non plus à supprimer la production d’oestrogènes, mais à bloquer leur action en aval. Pour cela, ils ont développé deux composés capables de se lier aux récepteurs cellulaires des œstrogènes. Il s’agit d’OHBS, qui se fixe au récepteur alpha et de CLI qui vise le récepteur bêta. Ces composés bloquent spécifiquement les effets inflammatoires des oestrogènes, et n'ont donc pas d'impact sur les cycles menstruels permettant ainsi de préserver la fertilité des patientes.