Les internes sont en colère ! Dans un communiqué de presse publié mercredi, ces futurs médecins se plaignent d'être « les grands oubliés » de la concertation sur le Projet de loi de Santé. En effet, alors que Marisol Touraine, ministre de la Santé, a annoncé mardi soir la création de quatre groupes de travail avec les professionnels de santé (pour faire évoluer le texte avant son passage au Parlement), les internes regrettent de ne pas y avoir été conviés.
Début d'une grève le 29 janvier
Et pour eux, cet incident est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Ils écrivent : « Dans ce contexte de mépris envers les jeunes médecins, l’ISNI réaffirme son opposition au texte et prévient le ministère du durcissement du mouvement en déposant un préavis de grève (illimitée) pour le 29 janvier. » Par ailleurs, ils appellent à l’organisation de manifestations à compter de cette date dans tous les internats de France.
En fait, les internes demandent, comme les syndicats de médecins libéraux, « une réécriture totale » du texte. Ils s'opposent, par exemple, à la gestion de leur stage par la collectivité territoriale.
L’article 38 de la Loi de Santé introduit en effet la possibilité pour les collectivités territoriales (régions, départements, communes,…) d’intervenir dans la formation des internes.
Sur cette question, l'ISNI s'interrogeait début janvier : « Quelles considérations pédagogiques auront alors ces collectivités si ce n’est d’avoir des jeunes médecins, main d’œuvre bon marché, dans les hôpitaux de proximité qui ont tant de mal à recruter des praticiens. Cette mesure est une ineptie et le meilleur moyen de dégrader l’excellence de notre formation et la qualité des soins rendus aux patients. »
Un statut précaire de praticien remplaçant
Autre motif de la colère, ces internes ne peuvent accepter que « la seule perspective d’emploi à l’hôpital public soit celle d’un statut précaire de praticien hospitalier (PH) remplaçant. »
Le texte de la ministre de la Santé crée, il est vrai, un statut de PH remplaçant ayant vocation à envoyer des médecins pour des périodes limitées dans des établissements en difficulté de recrutement.
« Dans ce nouveau statut, les médecins seraient ainsi corvéables à merci et considérés comme de simples pions que l’on peut déplacer à la guise des tutelles administratives. Cela traduit un profond mépris pour notre profession : de médecins, nous sommes devenus praticiens puis maintenant simple effecteurs de soins ! », écrit l'ISNI.
Le droit à la liberté d’installation menacé
Dernier motif de leur grogne, les internes ne peuvent accepter d’être « la génération sacrifiée de la liberté d’installation. » Selon eux, la loi de santé ferait sauter tous les verrous à ce niveau-là.
« En mettant en place un service territorial de santé au public extrêmement rigide, hospitalo-centré et sous le contrôle des Agences Régionales de Santé, Marisol Touraine n’a d’autre objectif que de contraindre davantage les jeunes médecins dans leur installation. Comment rendre attractive l’activité en ville dans de telles conditions ? Alors que les jeunes médecins ont le sentiment qu’il est de plus en plus difficile de s’installer, et qu’ils ne sont pas formés pour, la ministre de la Santé s’efforce avec minutie de complexifier davantage l’installation des médecins. Quel non-sens », conclut l'ISNI.