C'est une nouvelle étude qui va, peut-être, semer le trouble dans l'esprit de certains vapoteurs. Selon une recherche américaine, la cigarette électronique serait plus cancérigène que le tabac, « en état de chauffe. » Sans doute le début d'une polémique vu que d'autres experts critiquent déjà la méthodologie de ces travaux : elle ne correspondrait pas aux conditions réelles du vapotage.
Une machine à inhaler pour mener l'étude
« Nous avons constaté que du formaldéhyde peut se former durant le processus de vaporisation des e-cigarettes », écrivent ces chercheurs de l'Université de Portland, dans une étude parue dans le New England Journal of Medicine ce jeudi.
Pour parvenir à cette conclusion, ces scientifiques ont utilisé une machine à "inhaler" de la vapeur de e-cigarettes, à faible et haut voltage, afin de déterminer comment le "formol", un cancérigène connu, se forme à partir du liquide composé de nicotine, d'agents chimiques aromatisant, de propylène-glycol et de glycérine.
Résultat : ils n'ont constaté aucune formation de formaldéhyde quand la machine, fonctionnant à faible voltage (3,3 volts), chauffait normalement le liquide qu'on trouve dans le réservoir des cigarettes électroniques. Mais quand le liquide était beaucoup plus chauffé (à partir de 5 volts), le taux de formaldéhyde qui se formait alors était largement plus élevé que ceux trouvés avec la combustion des cigarettes.
Ainsi, un vapoteur qui inhale quotidiennement l'équivalent de trois millilitres de ce liquide vaporisé chauffé au maximum, absorberait quelque 14 milligrammes de formaldéhyde. A titre de comparaison, une personne qui fume un paquet de cigarettes par jour absorberait environ trois milligrammes de ce cancérigène. Or, sur le long terme, l'inhalation de 14 milligrammes de cette substance nocive chaque jour pourrait multiplier par 5 à 15 le risque de cancer, d'après de précédentes études citées par cette équipe.
Des experts critiquent sévèrement l'étude
Toutefois, la méthodologie de l'étude est déjà mise en doute par de nombreux experts de la santé publique. C'est le cas du Dr Konstantinos Farsalinos, cardiologue à Athènes (Grèce) qui sur son blog critique sévèrement cette étude. Il propose une autre interprétation de ce qui a été réellement mesuré. Selon lui, « les auteurs n'ont pas trouvé du formaldéhyde [ndlr: dans la vapeur produite], mais des hémiacétals de formaldéhyde. »
Et, selon le Dr Farsalinos, « il n'existe aucune preuve que les hémiacétals soient toxiques ou cancérigènes. Il est même possible que la formation d'hémiacétals protège des dommages causés par le formaldéhyde. Et cependant, les auteurs les ont considérés comme du formaldéhyde et ont calculé un risque de cancer. »
Des conditions de "dry-puff", et pas de vapotage
Par ailleurs, ce spécialiste souligne que « ce qui est important pour analyser ces résultats ce n'est pas les volts délivrés par la batterie, mais la puissance en watts appliquée à la résistance. » Or, il fait remarquer que « les auteurs ne mentionnent même pas la valeur de la résistance qu'ils ont utilisé. Encore une fois », déplore-t-il. Et selon lui, les mesures réalisées par les auteurs de l'étude correspondent à des bouffées de 4 secondes à 6-7 watts. Ce qui à 5 volts donne une puissance de 14-16 watts. « C'est une valeur très élevée pour la plupart des atomiseurs du commerce (exceptés certains reconstructibles qui peuvent supporter une telle puissance). Il est donc évident que l'atomiseur a été surchauffé, ce qui bien sûr résulte en une production très élevée de formaldéhyde », martèle le Dr Farsalino.
Il conclut : « Ce que les auteurs ignorent, c'est que ces conditions, connues sous le nom de "dry-puff", sont facilement détectées par les utilisateurs d'un vaporisateur personnel (VP). Cela produit un goût insupportable, et personne n'utilise un VP dans ces conditions, et n'est donc jamais exposé à de telles concentrations de formaldéhyde. »