Dolenio, Flexea, Osaflexan, Structoflex et Voltaflex, ces médicaments anti-arthrosiques, peu efficaces mais aussi avec peu d'effets secondaires, ne seront plus remboursés à partir du 1er mars prochain. C'est ce que prévoit un arrêté publié ce mercredi au Journal officiel (JO) qui précise que « la Commission de la transparence a estimé que les médicaments relevant du présent arrêté présentaient un service médical rendu insuffisant pour un maintien sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux. »
Les associations de malades vent debout
Cette décision fait suite aux recommandations négatives émises par la Haute autorité de santé (HAS) en 2013 : « Leurs effets sur la douleur et la gêne fonctionnelle liées à l’arthrose sont minimes et de pertinence clinique discutable. Ils ne permettent pas de réduire la consommation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). » Malgré ces conclusions de la HAS, les associations de malades sont plus en colère que jamais.
Dans un communiqué de presse publié ce jeudi, l'Association de Lutte Anti-Rhumatismale (Aflar) tient « à exprimer son profond désaccord et sa déception à l'annonce de l'arrêté qui confirme le déremboursement des Anti-Arthrosiques Symptomatiques d'Action Lente (AASAL) » à base de glucosamine (utilisés dans le traitement de l'arthrose du genou).
La crainte d'un transfert vers des produits plus dangereux
Elle précise que depuis 2 ans, elle a lancé plusieurs appels pour éviter cette situation dommageable pour plusieurs millions de patients. L’AFLAR souligne en effet que « ces traitements soulagent de nombreux patients et améliorent leur qualité de vie. En outre, les économies de santé qui en découleraient apparaissent contestables, le risque étant des reports de prescriptions vers des médicaments plus coûteux ou ayant des effets secondaires », regrette-t-elle.
Des médecins redoutent en effet que les patients se voient désormais prescrire des anti-inflammatoires (AINS), connus pour leurs risques hémorragique, rénal ou cardiovasculaire, ou du paracétamol, dont la toxicité hépatique est réelle.
Des risques d'augmentation de prix
D'autres spécialistes de la santé publique redoutent pour leur part une augmentation des prix de ces médicaments bientôt déremboursés. « Lors d'un déremboursement, les ventes chutent de 50 à 80 % », explique dans Le Point le Pr Claude Le Pen, économiste à l'Université Paris-Dauphine. Il rajoute : « Pour faire face à cette baisse, le fabricant augmente son prix. Comme le médicament n'est plus remboursable, sa TVA passe de 2,1 % à 10 %. Et les pharmaciens prennent une marge plus importante. De plus, les mutuelles ne prennent plus en charge les médicaments non remboursés par la Sécurité sociale. »
Une situation que craignent les 10 millions de personnes en France touchées par l'arthrose (17 % de la population). Il s’agit de la première cause d’incapacité fonctionnelle pour les personnes de plus de 40 ans.