Le nombre de nouveaux cas Ebola ne cesse de décroître en Afrique de l'Ouest, selon le dernier bilan de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les Etats disposent en effet désormais de ressources "suffisantes" pour faire face à l'épidémie. Mais avant de mettre en place ces moyens de lutte, les chercheurs ont du établir les chaînes de transmission du virus. Un pari réussi par les chercheurs parisiens et dakarois de l’Institut Pasteur.
Le bénéfice de la sécurisation des funérailles
Dans un communiqué de presse publié ce vendredi, ils expliquent qu'afin de « mieux comprendre et de caractériser la transmission d’Ebola pour pouvoir améliorer les stratégies de contrôle », ils ont reconstruit les chaînes de transmission du virus ainsi que leur contexte dans la capitale guinéenne, de février à août 2014.
Ce travail d’enquête mené auprès des patients, de leurs familles et de leurs voisins, a permis de mesurer la transmission d’Ebola entre individus dans différents contextes et à différents moments de l’épidémie.
Ainsi, en mars 2013, les transmissions lors de funérailles représentaient 15 %, et celles à l’hôpital 35 % de toutes les transmissions. Ces proportions ont ensuite respectivement chuté à 4 % et 9 % à partir d'avril, quand des funérailles sécurisées ont été mises en place et qu’un centre de traitement a été ouvert. Preuve que les mesures de prévention pour lutter contre la contagion ont été efficaces.
La majorité des transmissions dans les familles
Par ailleurs, les chercheurs ont également établi que les malades hospitalisés infectaient en moyenne « deux fois moins de personnes dans la communauté que les autres. » Ces données montrent donc que la majorité des transmissions se sont faites dans la famille ou la communauté et que le renforcement des mesures de contrôle et d’isolement des malades a permis de ralentir l’épidémie de Conakry.
Seule ombre au tableau évoquée par les scientifiques : ces mesures ont été insuffisantes pour stopper complètement l’épidémie. Ils ont ainsi pu constater trois pics épidémiques de février à août : le premier (le 24 février) est dû à l’introduction à Conakry d’un cas provenant d’une autre ville du centre de la Guinée (Dabola), le deuxième (le 24 mars) à des cas non déclarés par leur famille, et le troisième (le 30 juin) à une introduction d’un cas provenant de la Sierra Leone.
Dernière conclusion des auteurs, les enquêtes couplées à l’analyse des échantillons biologiques révèlent que plus la virémie (taux de particules virales présentes dans le sang) est élevée chez un malade, plus le nombre de personnes qu’il risque de contaminer est important. Ce facteur de risque de contagion aggravant et d'autres ont fait que les chaînes de transmission initiées à Conakry ont également été exportées vers d’autres territoires en Guinée, conclut l'équipe de l'Institut Pasteur.