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QUESTION D'ACTU

Le manque de formation et des locaux inadaptés

Chirurgie ambulatoire : l'IGAS pointe les freins à son développement

Marisol Touraine s’est montré trop ambitieuse. Il faudra attendre 2018 pour qu’une opération sur deux soit réalisée en ambulatoire. Les freins sont encore trop nombreux, souligne un rapport.

Chirurgie ambulatoire : l'IGAS pointe les freins à son développement Rebecca Vassie/AP/SIPA




La France est à la traîne dans la chirurgie ambulatoire. Une opération sur deux devrait être réalisée en hôpital de jour d’ici 2018, selon le dernier rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des Finances (IGF). La ministre de la Santé Marisol Touraine s’est montrée un peu trop optimiste en avril dernier, en annonçant que l'objectif serait atteint en 2016.

 

Des économies de taille

Le gouvernement a affiché un objectif ambitieux : donner un coup d’accélérateur à la chirurgie ambulatoire. Le secteur privé n’a pas attendu la ministre de la Santé : dans la moitié des cas, les patients rentrent chez eux le jour de l’intervention. Le secteur public, lui, est à la traîne avec 30 % d’hospitalisations de jour seulement. « La tendance de progression n’est pas suffisante pour atteindre l’objectif d’une pratique ambulatoire majoritaire à l’horizon 2016 », tranche l’Igas.

 

Sur le plan des économies, en revanche, l’Igas est d’accord avec Marisol Touraine. La ministre avait annoncé une réduction des dépenses de 500 millions d’euros en 2016. Le rapport table sur une fourchette équivalente (417 à 689 millions), réalisée sur trois postes différents : les effectifs de nuit et de week-end, la productivité, et la réorganisation territoriale.

 

Des obstacles lourds

Dans son analyse, l’Igas met en lumière de nombreux freins au recours plus large à l’ambulatoire. La réorganisation de l’hôpital est un obstacle majeur, puisqu’elle demande de repenser les locaux et de former les équipes. « L’exigence de la chirurgie ambulatoire est d’abord d’essence organisationnelle : la prise en charge dans le délai de 12 heures nécessite une organisation nouvelle, centrée sur le patient », précisent les auteurs du rapport.

Par ailleurs, tous les patients ne sont pas éligibles à l’ambulatoire. L’isolement social ou géographique d’un individu constitue une contre-indication à ce mode de prise en charge. Son état de santé peut aussi nécessiter une hospitalisation de nuit.

 

Le rapport de l’Igas met aussi le doigt sur un problème plus difficile à résoudre, celui de la formation des chirurgiens et anesthésistes. « Le constat d’une maîtrise insuffisante par les chirurgiens ou les anesthésistes des techniques opératoires et anesthésiques requises doit entraîner la mise en place par l’établissement d’actions adaptées de perfectionnement des pratiques », soulignent ses auteurs.

 

De véritables bienfaits

Dans les établissements ayant largement recours à l’hospitalisation en ambulatoire, les bienfaits ne tardent pas à être observés. A tel point que l’Igas évoque le « potentiel inexploité » de la France, largement en retard par rapport à l’Europe. Les bilans différents réalisés par la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Anap (l’Agence Nationale d’Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux) font état des nombreux avantages de ce mode de prise en charge. En plus de réduire les délais d’attente, l’hospitalisation de jour réduit le risque d’infections nosocomiales. Elle demande aussi d’avoir recours à des techniques de chirurgie moins invasives, ce qui améliore le confort post-opératoire du patient.

 

Rendre le patient acteur de sa santé améliore globalement la qualité des soins. Mieux informé et plus impliqué dans la prise en charge, il est logiquement plus satisfait. Les auteurs du rapport soulignent aussi « une plus grande proximité du personnel soignant pendant la durée de leur court séjour dans le centre de soins, ce qui diminue l’anxiété et améliore le confort des patients, y compris des personnes âgées. » Reste à vaincre l’immobilisme ambiant du secteur public.

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