C’était il y a vingt-cinq ans, la Californie légalisait la consommation de cannabis à usage thérapeutique. Depuis, 22 autres Etats américains lui ont emboîté le pas, dont trois – le Minnesota, le Maryland et New York – l’an passé.
En Europe, le Sativex, un spray buccal contenant du THC et des cannabidiols, les principes actifs du cannabis, est déjà disponible dans dix-sept pays. Pourtant la France, elle, n’a autorisé sa mise sur le marché que l’année dernière. L’annonce par le ministère de la Santé, via un bref communiqué le 9 janvier 2014, s’était alors faite très discrète.
En précisant qu’il ne s’agissait « en aucun cas d’une volonté de légalisation du cannabis », le ministère soulignait à quel point le sujet est délicat dans le pays.
Mais le débat pourrait bien être relancé, puisque comme l’annonce Le Parisien, le Sativex devrait enfin arriver en pharmacie. Sa commercialisation avait été annoncée pour janvier, mais reste à régler le prix du produit. Les négociations seraient encore en cours selon Le Parisien entre GW Pharmaceuticals, le fabricant britannique, et le comité économique des produits de santé.
Le marché du Sativex sera très restreint puisque le nombre de patients qui pourraient se voir prescrire du Sativex est estimé entre 2 000 et 5 000. L’autorisation de mise sur le marché n’a en effet été accordée que pour soulager les douleurs musculaires des patients atteints de sclérose en plaques.
L’Agence nationale de sécurité du médicament va surveiller de près les chiffres des ventes afin d’éviter les prescriptions hors AMM, notamment pour soulager les nausées post-chimiothérapies, ou l’anorexie induite par le VIH. Et, bien entendu, la consommation de cannabis par des patients cherchant à soulager leurs douleurs par leurs propres moyens restera illégale.
Dans un tel contexte, on en oublierait presque que l’utilisation pharmaceutique du cannabis était légale en France jusqu’en 1953. Elle était même monnaie courante à la fin du 19e siècle, et si son usage a décliné, c’est notamment grâce à l’arrivée sur le marché… des opiacés !
