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Oubli de préservatif, multi-partenariat…

Trop de porno favorise les conduites sexuelles à risque

Par la rédaction

Les personnes qui consomment des contenus pornographiques de manière régulière et intense ont tendance à prendre plus de risques au cours de leur activité sexuelle, selon une étude.

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La pornographie intéresse la science. A plusieurs reprises, des études ont tenté d´évaluer son impact sur les comportements sexuels des consommateurs, notamment chez les plus jeunes. Car les chercheurs le savent : les contenus pornographiques influent sur la représentation de la sexualité, autant que sur sa pratique.

Cette fois, des scientifiques australiens se sont penchés sur le lien entre pornographie et conduites sexuelles à risques chez les adultes. Dans une revue de littérature, publiée dans la revue Cyberpsychology, Behavior, and Social Networking, ils passent au crible 17 études consacrées à la question depuis une vingtaine d’années.

Une excitation trop intense
Les chercheurs concluent à une forte association entre consommation de pornographie et prise de risques lors de l’activité sexuelle. Ainsi, une personne qui visionne régulièrement des contenus pornographiques serait moins encline à utiliser un préservatif. Elle multiplierait également les partenaires et les aventures d’une nuit, s’exposant à des risques accrus de contracter une maladie sexuellement transmissible.

Pour autant, les amateurs de pornographie ne sont pas tous d’inconscients pratiquants. « La corrélation est vraie dans une certaine mesure, nuance Sylvain Mimoun, gynéco-obstétricien et sexologue. On l’observe chez des personnes qui ont développé une addiction à la pornographie et qui s’exposent régulièrement, sur une période prolongée, à des contenus pornographiques ».

Ainsi, l’excitation serait tellement intense chez ces personnes qu’elles en oublieraient tout simplement l’usage des préservatifs. « Pour penser à ce genre de précautions, il faut avoir les pieds sur terre, poursuit Sylvain Mimoun. Or, l’addiction à la pornographie génère une telle ivresse qu’elle sort le sujet de la réalité. Le plaisir prime sur la réflexion ». Quant à la multiplication des partenaires, elle s’expliquerait par une « recherche de la nouveauté, de la surprise, qui mène à l’excitation ».

Quand les acteurs enfilent un préservatif
Dans cette prise de risques, le contenu même des films pornographiques joue un rôle. Les acteurs qui ne portent pas de préservatif pourraient ainsi inspirer les consommateurs qui, par mimétisme, finiraient par altérer leur propre perception du risque. Certains Etats semblent d’ailleurs en avoir pris conscience. En Californie, en pleine « Sex Valley », le préservatif est de rigueur sur les tournages des films pornographiques, malgré les protestations de l’industrie du X.

Mais cet effet mimétique a ses limites. « En fait, de très nombreux films montrent des rapports sexuels avec préservatif, surtout en France, explique Sylvain Mimoun. Pas sûr que les addicts le notifient ou en fassent autant … ».

« Certains patients se sont fait vraiment peur… »
Dans l’étude australienne, les auteurs soulignent certaines limites méthodologiques – échantillons trop restreints, suivi manquant … « D’importantes améliorations sont nécessaires dans ce domaine de la recherche », expliquent-ils.

Mais sur le terrain, Sylvain Mimoun confirme l’impact du pornographique sur cette prise de risque. « Certains patients, âgés de 30 ou 40 ans, réalisent qu’ils sont devenus de moins en moins prudents à mesure que leur addiction à la pornographie s’est installée. Avant cela, ils se protégeaient ». 

D’autres consultent le sexologue pour évoquer exclusivement cette prise de risques, avant même de parler d’addiction. « Les cas sont assez rares. Mais certains expliquent qu’après coup, ils se sont fait vraiment peur. Ils viennent pour se protéger d’eux-mêmes ».