Toujours moins de pesticides. C’est l’objectif du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll qui dévoile dans Libération son plan pour tenter de réduire de 50 % leur utilisation d'ici 10 ans. Le ministre annonce également, avant l'échéance de 2025, « un palier intermédiaire de 25 % en 2020 ».
Pour arriver à ce résultat, Stéphane Le Foll explique vouloir s’appuyer dans un premier temps sur « l’expérience des 2 000 fermes pionnières écophyto. Elles ont vu l’utilisation des pesticides baisser en moyenne de 12 % en 2013, grâce à la rotation des cultures, la diversification variétale ou le recours au biocontrôle ».
Il compte étendre ce réseau à 3000 fermes expérimentales, et par la suite, sur un effet « tâche d’huile » pour que les fermes environnantes s’y mettent également.
Le premier plan de lutte contre l'utilisation des pesticides, issu du Grenelle de l’Environnement, avait comme ambition de réduire de 50 % leur utilisation d’ici à 2018… Seulement, les chiffres indiquent que ce but ne sera pas atteint : aucune baisse n’a été constatée sur la période et la consommation de pesticides a même augmenté de 9,2 % en 2013. En moyenne, sur la période 2011-2013, les cultures ont reçu 5 % de produits phytosanitaires en plus par rapport à 2009-2011.
Une étude sur l'utilisation domestique des pesticides
Les pesticides ne sont pas utilisés que par les agriculteurs. La grande majorité des jardiniers - qu'ils aient la main verte ou qu'ils soient jardiniers en herbe - les utilisent eux aussi. L'Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) lance Pesti'Home, une étude sur l'utilisation domestique des pesticides.
Cette étude, menée sur des populations vivant en Guadeloupe, Martinique et La Réunion, vise à « mieux connaître les utilisations domestiques des produits destinés à éliminer les nuisibles dans et autour de la maison ». Il s’agit de la première étude réalisée sur ce sujet et ses résultats permettront de mieux évaluer l’exposition de la population, et de « définir des priorités de santé publique visant à réduire les expositions des populations aux pesticides. » L’étude débutera le 6 février et se déroulera durant un à deux mois. Au total, 600 foyers participeront.
Les risques de cancer varient en fonction des types de culture
Les éléments scientifiques prouvant les effets dévastateurs des pesticides s'accumulent. L'étude Agrican - qui étudie le cancer en milieu agricole - a, par exemple, révélé en octobre que le risque du cancer du poumon est deux fois plus élevé chez les agriculteurs engagés dans la culture du pois fourrager, dans la taille des arbres fruitiers ou la culture des légumes que dans la population globale. Une différence qui serait due à l'utilisation des pesticides.
Selon une étude parue en juin dans Environmental Health Perspectives, ces produits chimiques agricoles augmenteraient aussi fortement le risque d’autisme ou de retard cognitif lorsque la mère y est exposée pendant la gestation. Sans parler de l'étude controversée du Pr Gilles-Eric Séralini, pour qui les pesticides seraient jusqu'à 1000 fois plus toxiques qu'estimé précédemment.