En 2013, plus d'une enfant anglais de 11 à 15 ans sur trois souffrait d'obésité ou de surpoids ( 37,8 % des garçons et 36,7 % des filles) . Autant dire que cette épidémie de surpoids chez les ados est devenue un problème national de l'autre côté de la Manche. Pendant des années, les autorités ont assisté, de manière passive, à la progresssion de cette courbe pondérale. Mais les choses seraient-elles en train de changer ? Des chercheurs viennent de livrer de nouvelles données dans les Archives of Disease in Childhood allant dans ce sens.
Cornelia van Jaarsveld et Martin Gulliford, du King's College London, ont analysé les données de plus de370.500 enfants âgés de 2 à 15 ans suivis pendant 20 ans entre 1993 et 2013 dans 375 centres de consultation médicale généraliste à travers l'Angleterre.
Quasi-stagnation
Leur étude met en évidence un net ralentissement de la croissance du nombre total de cas de surpoids et d'obésité chez ces enfants. Alors la hausse de ce nombre de cas était de 8 % par an entre 1994 et 2003, elle n'était plus que de 0,4 % par an de 2004 à 2013. Soit une quasi-stagnation.
Aucune différence particulière n'a été observée entre les garçons et les filles. En revanche, il y avait pas mal de variations à travers les âges des enfants, le point noir étant la classe d'âge des 11-15 ans. Seule cette tranche d'âge présentait une augmentation statistiquement significative durant la seconde décennie 2004-13.
Des campagnes de santé publique
Les chercheurs reconnaissent que d'autres études au Royaume-Uni comme dans d'autres pays ont déjà montré un ralentissement de l'épidémie d'obésité infantile. Mais selon eux, souvent il ne s'agissait pas d'études de grande envergure et il n'y avait pas forcément de données sur les jeunes enfants, en particulier ceux âgés de moins de 6 ans.
« Il existe plusieurs théories pour comprendre la récente stabilisation des taux de surpoids et d'obésité chez l'enfant. Une explication pourrait être que les taux ont atteint un point de saturation ». Une autre serait que les campagnes de santé publique pourrait commencer à porter leurs fruits, estiment les chercheurs.
Une taxe sur les produits gras
Dans un éditorial accompagnant l'article, le Pr Julian Hamilton-Shield et le Dr Debbie Sharpe, de l'université de Bristol, suggèrent qu'il pourrait être temps de revoir l'idée de mettre en place une taxe sur les produits gras. « Jusqu'à présent, nous ne semblons pas tout simplement avoir les outils pour contrôler efficacement ce problème. La crise de l'obésité infantile en Angleterre est loin d'être terminée et nos armes actuelles dans cette guerre contre les produits gras ne semblent pas fournir la réponse », indiquent-ils. « Le récent appel au chief medical officer (l'équivalent français du directeur général de la santé, ndlr) pour mettre en place un groupe d'action sur l'obésité infantile pourrait être une première étape de ce qui sera probablement une très longue campagne », ajoutent-ils.
En France, l'obésité concerne 3,5% des enfants et le surpoids 4,5%. Ces taux ont doublé par rapport à il y a dix ans. Mais ces chiffres semblent se stabiliser.