C'est une décision historique que pourrait annoncer le Royaume-Uni, ce mardi 3 février. Les députés britanniques doivent en effet se prononcer en dernière lecture sur une révision de la loi sur l'embryologie et la fertilisation humaine, qui pourrait permettre la "fécondation in vitro (FIV) à trois personnes".
"Une avancée médicale majeure pour certains, un nouveau pas vers l'eugénisme pour d'autres", relève Le Monde. Car si la décision est tant attendue, c'est qu'elle a des implications médicales, biologiques, humaines mais aussi sociétales. Une complexité qui explique en partie que la décision ait pris autant de temps ; la modification de loi est en discussion depuis 2013.
Si la loi est modifiée, le Royaume-Uni deviendra le premier pays au monde où des bébés pourront naître avec l'ADN de trois parents, au lieu de deux. Cette forme très particulière de procréation médicalement assistée ne concernerait pas les couples qui ont un problème de fertilité mais ceux susceptibles de transmettre des maladies génétiques rares à leur descendance.
Les maladies génétiques ciblées affectent des composants cellulaires fondamentaux dans le fonctionnment de l'organisme, les mitochondries. Elles présentent la particularité d'être transmises au bébé uniquement par la mère.
Selon le New England Journal of Medicine, 2500 femmes en âge de procréer seraient susceptibles d'être concernées. Le Monde rappelle pour sa part qu'environ "un bébé sur 200 est porteur au Royaume-Uni d'une mutation mitochondriale susceptible de provoquer des problèmes neurologiques, musculaires ou cardiaques, de même que la surdité ou le diabète".
La technique de PMA en débat aujourd'hui propose d'avoir recours à une donneuse d'ovule, dans lequel seront prélévées les mitochondries saines, ensuite injectées dans l'ovule de la mère biologique, avant de procéder à une FIV classique.
Si la proposition de loi soulève un débat éthique, c'est que les mitochondries contiennent de l'ADN, qui ne code pour aucun caractère majeur certes, mais qui sera de fait transmis à la descendance par tous les bébés filles nés de cette FIV à trois ADN. Le caractère transmissible de cette modification génétique pourrait ainsi amener à considérer ces bébés comme des "organismes génétiquement modifiés".
Les scientifiques ont par ailleurs souligné que l'ADN des mitochondries n'a été découvert que récemment (dans les années 1980) et que beaucoup de choses restent encore à découvrir sur cette partie de notre patrimoine génétique. Un manque de recul qui contribue aux craintes des opposants à la technique.