Chaque année, plus de 4000 personnes reviennent en France métropolitaine avec le paludisme. Un chiffre bien trop élevé d’après les spécialistes, surtout lorsque l’on dispose de moyens pour éviter cette infection.
Le principal problème, c’est que dans la centaine de pays à risque de paludisme, les voyageurs ne pensent pas que leurs pires ennemis sur place ne sont pas le mauvais temps ou les serpents, mais bien les moustiques. Beaucoup de trop français ignorent les recommandations médicales et ne prennent pas les médicaments anti-paludiques qui peuvent être utilisées en prophylaxie, c’est-à-dire en prévention pendant un séjour à risque.
Pour preuve, sur les 4240 cas de paludisme déclarés en 2010, 52% des gens n’avait pris aucun traitement et 26% d’entre eux en avait suivi un, mais de manière irrégulière. Pour la majorité des personnes qui ont fait une crise de paludisme, en moyenne dans les 30 jours après leur retour de voyage, il s’agissait d’un séjour touristique ou d’une visite à la famille dans leur pays d’origine.
Pr François Bricaire, infectiologue à la Pitié Salpêtrière à Paris : « Les migrants installés en France qui retournent dans leur pays pour les vacances se croient immunisés, et ce sont eux qui reviennent le plus souvent avec le paludisme. »
Autre source d'inquiétude, le voyageur qui rentre avec le paludisme est généralement porteur d'une forme grave. Même si l’on ne recense qu’une dizaine de décès chaque année, notre pays reste malheureusement l’un des plus touchés. Une des raisons qui peut expliquer ce record européen : « Le diagnostic de paludisme est encore trop souvent posé avec retard. A un retour de voyage, s’il y a une fièvre, même les médecins ne pensent pas toujours à demander si le voyage a eu lieu dans un pays à risque, ou encore si la personne occupe une profession à risque comme hôtesse de l’air, » explique le Pr François Bricaire.
Une mortalité d’autant plus regrettable qu’il existe plusieurs traitements efficaces. La plupart des molécules sur le marché permettent de guérir les patients dans 95% des cas. A condition bien sûr, que les traitements soient effectués de manière appropriée et que la maladie soit prise en charge rapidement. Et l’arsenal anti-paludique continue de s’élargir. Depuis le 26 juin, une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine est disponible à l'hôpital comme en ville. D'après les experts, ce nouveau médicament offre de nombreux avantages.
Pr François Bricaire: « En 3 jours, avec 1 comprimé par jour, on traite un palu. On peut le donner à jeun contrairement aux autres traitements".
Malheureusement, dans la guerre contre le paludisme, la course contre la montre ne s’arrête jamais. En janvier dernier, face à l’augmentation des résistances aux traitements contre le paludisme, l’OMS a annoncé la mise en place d’un plan de lutte contre ce risque. Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS, déclarait : « L’utilité de notre arme la plus efficace contre le paludisme est aujourd’hui menacée ». En effet, des résistances aux traitements les plus récents à base d’artémisinine commencent à voir le jour.