30 000 enfants Français n’ont pas de toit sous lequel passer leurs nuits. Dans son rapport 2015 sur le mal logement en France, la fondation Abbé-Pierre met le doigt sur un épineux problème : 3,5 millions de personnes sont mal logées en métropole. Et la crise n’a pas épargné les familles avec enfants. Dans certains cas, une naissance peut même entraîner sur la pente du mal logement.
Des enfants sans logement
Le dernier rapport de la fondation Abbé-Pierre dénonce la « crise sous-estimée » du mal logement. Il faudrait, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 300 000 constructions neuves par an pour pallier la pénurie de logements. On en est encore loin et 141 500 personnes n’ont toujours pas de domicile, dont 20% d'enfants.
Les familles avec enfants qui ont fait une demande d’hébergement d’urgence auprès de 115 sont également plus nombreuses. L’hiver dernier, elles étaient 174 000. « Le cas de l’urgence est le plus symptomatique et le plus grave », souligne le rapport. « Dans bien des cas, départements et Etat se envoient la balle à propos de la prise en charge des enfants. »
La vie en bidonville
Le rapport dénoncent aussi les logements insalubres ou précaires dans lequels vivent 85 000 personnes; 38 000 résident à l’année dans un hôtel. Les ménages en situation de précarité énergétique sont encore plus nombreux : 5,1 millions. Cette précarité a de réelles conséquences sur la santé des plus jeunes. L’humidité ou la présence de moisissures multiplient par 1,5 à 3,3 fois le risque de symptômes respiratoires. Les intoxications au plomb (saturnisme) sont aussi plus fréquentes dans les logements précaires.
S’ajoute la question des bidonvilles, dont un habitant sur quatre a moins de 18 ans. « Entre 15 000 et 20 000 personnes – dont des milliers d’enfants – y trouvent refuge, faute d’autres solutions ; elles y vivent alors dans des conditions extrêmement précaires : absence de sanitaires, d’accès à l’eau, à l’électricité, risques d’incidents graves liés au chauffage au bois, à l’éclairage à la bougie », dénonce le rapport. « Ces situations sont d’autant plus inadmissibles que les pouvoirs publics, en contradiction avec la circulaire d’août 2012, continuent d’expulser ou d’évacuer ces familles démunies sans proposer d’alternative pour la majorité d’entre elles. »