« Pas besoin d'éviter le métro, ou de mettre des gants. » Voici la conclusion à laquelle sont arrivées des chercheurs de l'université américaine de Cornell après avoir établi la première carte des microbes trouvés dans les 960 km du métro new-yorkais. Les chercheurs ont publié les résultats de leur étude dans la revue scientifique Cell. Conclusion : la majorité des 637 espèces de bactéries, virus et champignons qui y ont été recensées ne présentent pas de danger.
Cependant, selon leur cartographie, on trouve aussi dans le nord de Manhattan des germes qui peuvent être à l’origine de la peste bubonique. Il y a même des « fragments d'ADN associés à l'anthrax » précise l'Université dans un communiqué. Mais pas de panique : les chercheurs précisent que cela ne veut pas dire que ces bactéries sont vivantes. D'ailleurs des cultures menées ensuite n'ont pas montré trace de vie.
Carte de la présence microbienne dans le métro new-yorkais - Afshinnekoo E, Meydan C et al., Geospatial Resolution of Human and Bacterial Diversity with City-Scale Metagenomics, CELS (2015)
La carte montre que la méningite se développe plutôt au centre de la ville. Quant aux bactéries liées aux troubles gastro-intestinaux, elles sont à chercher du côté de Wall Street, le quartier des affaires de New York. Les bactéries résistantes aux antibiotiques sont, elles, partout.
Les chercheurs ont également eu la surprise de découvrir qu'une station inondée durant l'Ouragan Sandy (2012) possédait toujours un environnement bactériologique aquatique au moment où ils font leur étude.
Un projet big-data pour mieux comprendre les épidémies
Mais les chercheurs ont fait une autre découverte, en séquençant l'ADN de leurs récoltes : près de la moitié des séquences d'ADN collectées ne correspondait à aucun organisme connu, selon Cornell. D'autres recherches vont donc être nécessaires pour déterminer quels sont ces organismes et s'ils peuvent nous être utiles.
Ce projet big-data, le premier portrait génétique d'un système de transport publique urbain, est « le miroir des gens qui prennent le métro » selon le Dr Mason, un généticien de l'université Cornell. En documentant de manière si précise cette « vie sauvage miniature » comme la nomme le Washington Post, les microbiologistes espèrent découvrir de nouvelles manières de tracer les épidémies – y compris les maladies contagieuses comme Ebola ou la rougeole qui ont fait les gros titres dernièrement – mais aussi détecter les attaques des bioterroristes et combattre l'antibiorésistance des microbes.