Les médecins européens plus paternalistes que leurs confrères américains. Un sondage réalisé par Medscape auprès de 21 000 adhérents révèle que, sur le plan éthique, les professionnels de santé n’ont pas les mêmes positions selon leur continent. Le sujet de la fin de vie semble plutôt consensuel, mais l’information délivrée au patient divise.
Médecins européens et américains sont plutôt d’accord sur les questions touchant à la fin de vie. Ils ne se prononcent pas en faveur de l’acharnement thérapeutique, mais semblent plutôt trancher au cas par cas. 46 % des professionnels américains et 40 % de leurs collègues européens estiment que la prescription d’un traitement salvateur inutile dépendra du patient. La moitié des sondés se déclare également pour le suicide assisté.
Concernant les nouveau-nés, lles médecins des deux côtés de l'Atlantique partagent les mêmes doutes. Une personne sur trois prodiguerait des soins intensifs à un nourrisson, même si sa survie se fera dans de mauvaises conditions. Ils sont aussi nombreux à se prononcer contre une telle décision.
Mais c’est sans aucun doute sur la décision de poursuivre un traitement que les divergences émergent le plus. Aux Etats-Unis, 22 % des médecins sont prêts à aller à l’encontre de l’avis de la famille et poursuivre un traitement si le patient peut guérir. En Europe, ils sont 55 %.
Le degré d’information du patient du patient varie selon le continent. Là où les Américains privilégient l’autonomie du patient, les Européens « couvent » davantage leur patientèle. Par exemple, 28 % des professionnels de santé du Vieux Continent sont prêts à atténuer les risques d’un traitement ou d’une procédure s’ils pensent que cela leur permettra d’obtenir un consentement. Ils sont trois fois moins outre-Atlantique.
Les médecins américains font preuve de plus de transparence. « L’erreur est humaine », comme l’affirme un gastro-entérologue allemand interrogé par Medscape… mais elle doit être communiquée au patient pour 60 % des professionnels exerçant aux Etats-Unis – même si elle n’entraînera aucun dommage pour le patient. Ils sont même 90 % à affirmer la même chose si l’erreur nuit au patient. En Europe, ils sont 38 et 10 %. Preuve encore plus flagrante du paternalisme européen : une bonne moitié des médecins sont prêts à cacher à un patient qu’il va mourir pour le soutenir.
Aux Etats-Unis comme en Europe, le secret médical n’est pas absolu. 66 et 57 % des médecins sont prêts à le rompre si l’état de santé de leur patient met en danger les autres. Les croyances personnelles peuvent aussi poser problème sur le plan de l’avortement. Sur les deux continents, les professionnels de santé sont partagés sur l’équilibre entre la pratique et les idées. 45 % d’entre eux pratiqueraient l’avortement en dépit de leurs convictions… mais presque autant ne le feraient pas (38 %).
Concernant la consommation d’alcool, là encore les Européens se montrent plus opaques qu’outre-Atlantique. L’immense majorité des médecins américains (77 %) est prête à rompre la confraternité si un collègue ou ami abuse de l’alcool ou de drogues. Ce n’est pas le cas sur le Vieux Continent, où le sujet fait régulièrement débat.
En revanche, les Européens se plieraient plus volontiers à des contrôles aléatoires.