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QUESTION D'ACTU

Dans 63 pays

Le chômage à l'origine de 45 000 suicides par an

Chômage et suicide sont étroitement liés depuis la crise économique de 2008. La récession a entraîné une hausse de 5 000 décès attribuables à l’inactivité professionnelle.

Le chômage à l'origine de 45 000 suicides par an Jansa Rene/AP/SIPA




Le chômage favorise la dépression, mais aussi le suicide : il est lié à 45 000 décès par an. Ce lien est particulièrement marqué au cours d’une période d’instabilité économique, selon une étude parue dans The Lancet Psychiatry. Ses auteurs ont comparé sur 11 ans le lien entre taux de chômage et taux de suicides dans 63 pays, dont la France.

 

+ 5 000 morts depuis 2007

Le risque relatif de suicide lié au chômage est passé de 20 à 30 % entre 2000 et 2011. 233 000 décès par suicide sont survenus chaque année au cours de cette période. Un an avant la crise de 2008, plus de 41 000 étaient liés au chômage. Un an après, c’étaient 46 000. Hommes et femmes étaient autant touchés, précisent les auteurs.

 

Pour obtenir ces chiffres, une équipe de l’université de Zurich (Suisse) a utilisé un modèle longitudinal, avec les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le suicide et le niveau économique de chaque pays. Dans les quatre régions définies (Amériques, Europe du Nord et de l’Ouest, Europe du Sud et de l’Est, hors Amériques et Europe), le chômage a eu le même impact sur la mortalité par suicide.

 

Source : The Lancet Psychiatry

 

« La partie émergée de l’iceberg »

« Le taux de suicide augmente 6 mois avant la hausse du taux de chômage », précise le Dr Carlos Nordt, principal auteur de l’étude. « Nos données suggèrent que tous les licenciements n’ont pas le même impact, puisque l’effet sur le risque de suicide est plus marqué dans les pays où le chômage est inhabituel. Il est possible qu’une hausse inattendue du taux de chômage entraîne plus de craintes et d’insécurité par rapport aux pays où le taux de chômage avant la crise était plus élevé », analyse ce chercheur à l’hôpital psychiatrique de l’université de Zurich.

 

Source : The Lancet Psychiatry

 

Selon les auteurs de ces travaux, de tels résultats plaident en faveur d’interventions ciblées sur les risques du chômage. « Un investissement suffisant des gouvernements dans le marché du travail, en boostant l’efficience du marché du travail, pourrait aider à générer plus d’emplois et réduire le taux du chômage ; cela aiderait à réduire son impact sur le suicide », estime le Dr Carlos Nordt.

 

Dans un commentaire associé à l’étude, les Dr Roger Webb et Navneet Kapur, de l’université de Manchester (Royaume-Uni) alertent : les cas de suicide attribuables au chômage pourraient n’être que « la partie émergée de l’iceberg. » Il faut, à leurs yeux, prendre en compte les dommages collatéraux d’une crise économique, y compris chez les personnes ayant conservé leur emploi. « De nombreux individus qui continuent de travailler durant ces périodes difficiles font face à de forts facteurs de stress, liés à des tensions économiques pernicieuses autre que le chômage », écrivent-ils. Baisse de revenu, saisie de propriété et autres dettes font partie du lot.

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