L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cache pas son inquiétude sur l'épidémie de peste qui sévit à Madagascar depuis six mois. En cause, la prochaine arrivée de la saison des pluies, qui permet à l'infection de perdurer en général jusqu'en avril. L'autre raison de son inquiétude est le fait que l'épidémie a atteint certains bidonvilles de la capitale Antananarivo, 13 cas y ayant été recensés de fin août à fin décembre 2014.
Pic atteint
Selon le dernier bilan de l'organisation onusienne, 263 personnes ont été touchées depuis fin août 2014. Au total, 71 en sont décédées, soit 27 %. Le précédent bilan à la mi-novembre 2014 était de 119 cas et de 40 décès. Commencée en août 2014, l'épidémie a atteint son pic entre novembre à fin décembre 2014. Et depuis le nombre de cas a diminué.
Madagascar connaît des épidémies régulières de peste chaque année depuis 1980. Depuis les trois dernières années, le nombre de cas a régulièrement augmenté. Et Madagascar est l'un des pays au monde le plus touché par la maladie. La situation y est compliquée par la résistance des puces à l'insecticide deltamethrine, utilisé pour les contrôler.
La bactérie de la peste, qui se développe chez les rats, est véhiculée à l'homme par des puces. Le 4 février, la Banque africaine de développement a annoncé un don d'1 million de dollars (881 000 euros) pour aider au contrôle de l'épidémie.
Décès possible en 24 heures
Chez l'homme, la peste se développe sous forme bubonique, et si la bactérie atteint les poumons, elle provoque une pneumonie et devient alors transmissible à travers la toux. Découverte à temps, la forme bubonique se soigne avec des antibiotiques, mais la forme pneumonique, une des maladies infectieuses les plus meurtrières, peut être fatale en seulement 24 heures. Le taux de mortalité dépend de la mise en route rapide du traitement, mais il peut être très élevé.
Considérée comme une maladie du siècle dernier, la peste n’a en réalité jamais cessé d’inquiéter les chercheurs. D’après une récente étude publiée dans la revue The American Journal of Tropical Medecine and Hygiene, contrairement à la variole qui a été éradiquée, la peste continue à tuer à travers le monde. Alors que les auteurs de cette analyse font état de 21 725 cas de peste et 1 612 décès répertoriés entre 2000 et 2009, certains spécialistes estiment que le bilan réel serait plus important.
Pour preuve, les dernières données déclarées par l’OMS font état de 40 000 cas entre 1991 et 2006 dans 25 pays.