En clair-obscur, c’est ainsi qu’apparaît le visage de la France, ou plutôt, son état de santé, selon le dernier rapport de la DREES (1). Côté lumière, les Français se portent bien, notent vos quotidiens. Notre espérance de vie progresse (79,2 ans pour les hommes, 85,4 ans pour les femmes). Et l’écart entre les deux sexes tend à se réduire, relève le Figaro, de l’ordre d’un an en dix ans.
Mais les progrès de la médecine, l’amélioration de notre alimentation ou de l’hygiène de vie ne profitent pas à tous de la même façon. « Des disparités sociales significatives demeurent en matière de santé en France », explique le rapport, qui consacre plusieurs chapitres à la partie plus sombre de notre bilan de santé national. Ainsi, l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre un cadre supérieur et un ouvrier reste important : 6,2 ans. D'ailleurs, ce dernier entre dans la dépendance 7 ans plus tôt que le premier.
Ces disparités naissent dès les premiers âges de la vie. « Les enfants d’ouvriers ont 10 fois plus de chances d’être obèses que les enfants de cadres », commente le ministère de la Santé dans un communiqué de presse. Ces inégalités vont même se loger dans les dents. Plus d’un enfant sur deux (53 %) appartenant à une catégorie sociale défavorisée a au moins une carie contre 26 % pour le fils ou la fille du cadre.
Même écart si l’on compare la pratique d’une activité physique à l’âge adulte (27 % contre 54 %).
Face à ce constat implacable qui signe l’échec de la classe politique dans ses réformes successives, Marisol Touraine entend « engager rapidement, avec les professionnels cette réforme structurante de notre système de santé ». Des paroles généreuses, mais qui contredisent les actes. En septembre dernier, le gouvernement et l'Assurance Maladie ont annoncé la suppression des programmes de prévention bucco-dentaire dans les écoles !
(1) L’état de santé de la population en France - Édition 2015, Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques
